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Les antidépresseurs sont-ils vraiment nécessaires ?

 

Le monde moléculaire (1/4) – La spirale des antidépresseurs
Un documentaire d’Inès Léraud et Guillaume Baldy

IMPORTANT : depuis l’enregistrement de ce documentaire, l’Agence Européenne du Médicament n’a finalement pas accordé d’autorisation de mise sur le marché en Europe de la molécule « SIMBALTA » (laboratoire Lilly France) dans le traitement de la fibromyalgie.

La prévalence de la dépression dans la population générale est très importante : une personne sur six environ ferait une dépression au cours de sa vie. 80% des suicides lui seraient attribués. Cela représente un enjeu sanitaire important pour la médecine, et un enjeu économique considérable pour l’industrie pharmaceutique, notamment depuis l’invention d’un remède brevetable : l’antidépresseur.
Pourtant, les antidépresseurs actuels, ne répondent toujours pas à la demande sanitaire : ils ne fonctionnent sur le patient qu’au bout de trois à quatre semaines ; ne fonctionnent pas du tout chez une personne sur deux environ ; parfois même sont efficaces chez un patient une première fois, mais pas une deuxième…
Chaque année ce sont des milliers de molécules que l’industrie pharmaceutique conçoit pour tenter de trouver une meilleure réponse aux symptômes de la dépression. Seules quelques unes sortiront des laboratoires de chimie, pour arriver jusqu’à l’obtention d’un brevet, à une négociation de prix avec la sécurité sociale et à une mise sur le marché.
Comment expliquer l’approche très moléculaire de la dépression ? Doit-on médicaliser toutes les dépressions ? Comment, surtout, souci économique et souci sanitaire peuvent-ils s’entendre ?
C’est à la porte de deux institutions, l’une publique, l’autre privée : le service de psychiatrie de l’hôpital Sainte Anne, et le laboratoire Lilly France, 10ème au rang mondial des firmes pharmaceutiques, que nous avons décidé de frapper, pour répondre à ces questions, et pour donner un autre éclairage à la relation médecin-patient, par des entretiens enregistrés en parallèle.
C’est ainsi que l’on comprendra comment l’industrie, à travers la formation continue des médecins dont elle a le monopole, peut promouvoir ses molécules, et faire (recon)naître de nouvelles maladies au gré de ses découvertes moléculaires.
L’un de nos intervenants, le psychiatre David Gourion, nous apprendra aussi que 98% des médecins hospitaliers et des universitaires, complètent leurs salaires avec l’industrie pharmaceutique. C’est-à-dire quasiment tous les leaders de pensée, toutes les personnes qui ont une influence sur la médecine en général et sur l’opinion publique.
On pourra ainsi mieux comprendre l’avènement d’une médecine moléculaire, c’est-à-dire : brevetable et donc rentable…pour l’industrie (certainement pas pour l’assurance maladie). Une médecine pourtant, dont on se demande parfois si elle est réellement efficace : les scientifiques ne connaissent toujours pas le fonctionnement d’un antidépresseur sur le cerveau et une méta-analyse effectuée sur plusieurs antidépresseurs, dont le Prozac, publiée il y a peu dans la prestigieuse revue PLOS a révélé combien il était difficile de différencier l’efficacité d’un antidépresseur de celle d’un simple placebo pour les dépressions d’intensité faible et moyenne ; enfin malgré la large diffusion des antidépresseurs, le taux de suicides lié à la dépression, lui, ne diminue pas.
La chose qui semble à tous cependant essentielle dans la guérison, au-delà de toute molécule, c’est la relation médecin – patient. Celle-ci malheureusement n’est ni brevetable, ni rentable.

Cf http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/sur_docks/fiche.php?diffusion_id=68320&pg=avenir

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