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Bruno Groening : le guérisseur, la méthode et les dangers

Dans l’histoire des médecines alternatives et de la spiritualité moderne, peu de figures ont suscité autant de ferveur et de polémiques que Bruno Groening (ou Gröning). Apparu sur la scène publique dans une Allemagne dévastée au sortir de la Seconde Guerre mondiale, cet homme simple, sans formation médicale ni théologique, est devenu en quelques mois le « Wunderheiler » (le guérisseur miraculeux) le plus célèbre d’Europe.

Encore aujourd’hui, à travers le Cercle des Amis de Bruno Groening, son influence perdure. Des milliers de personnes à travers le monde continuent d’appliquer son enseignement pour tenter de guérir de maladies chroniques, de dépressions ou de dépendances. Mais qui était vraiment cet homme ? Un saint doté d’une force divine, comme l’affirment ses adeptes, ou un charlatan habile ayant profité de la détresse humaine ?

Cet article propose une analyse complète du phénomène : de l’histoire incroyable des foules de 1949 à la technique précise de la méditation (le « Einstellen »), sans oublier les mises en garde nécessaires sur les dérives potentielles.

1. L’homme qui divisait l’Allemagne : Contexte et Biographie

Pour comprendre le phénomène Bruno Groening, il est indispensable de le replacer dans son contexte. Nous sommes en 1949. L’Allemagne est en ruines, le système de santé est effondré et la population est traumatisée physiquement et psychologiquement par la guerre. C’est sur ce terreau de souffrance que va naître l’espoir d’une guérison miraculeuse.

De Dantzig à l’exil

Né le 30 mai 1906 à Oliwa, près de Dantzig (aujourd’hui Gdańsk en Pologne), Bruno Groening est issu d’une famille modeste de sept enfants. Ouvrier, charpentier, puis électricien, il mène une vie banale jusqu’à la guerre. Enrôlé dans la Wehrmacht, il est fait prisonnier par les Soviétiques avant d’être relâché et expulsé vers l’Allemagne de l’Ouest comme des millions de réfugiés.

Rien ne le prédestinait à devenir une figure publique, si ce n’est cette conviction intime qu’il affichait depuis l’enfance : celle de pouvoir « soulager les animaux et les hommes » par sa simple présence.

Le « Docteur Miracle » de Herford

Tout bascule au printemps 1949. À Herford, en Westphalie, la rumeur se répand qu’un garçon de 9 ans, Dieter Hülsmann, atteint de dystrophie musculaire progressive et condamné par la médecine, aurait recouvré la marche après une visite de Groening. L’histoire fait l’effet d’une bombe.

En quelques semaines, la maison devient un lieu de pèlerinage. Des milliers de malades, souvent des cas désespérés abandonnés par la médecine classique, affluent. C’est le début de la renommée internationale. Les journaux titrent sur le « Docteur Miracle », des équipes de tournage se déplacent, et la police tente, débordée, de canaliser la foule.

L’apogée au Traberhof de Rosenheim

Chassé de Herford par les autorités qui lui interdisent d’exercer, Groening se déplace en Bavière, près de Rosenheim, dans un haras appelé le « Traberhof ». C’est là, à l’automne 1949, que le phénomène prend une ampleur biblique.

Jusqu’à 30 000 personnes par jour se pressent dans la boue pour l’apercevoir. Les scènes rapportées par les témoins de l’époque et les actualités cinématographiques sont saisissantes. On y voit des paralytiques se lever de leur chaise roulante, des aveugles affirmer recouvrer la vue. Une atmosphère de ferveur collective, mélange de gratitude, de repentance et de foi inébranlable, règne sur les lieux.

Un député bavarois, initialement sceptique, déclarera après sa visite au Traberhof : « J’ai vécu aujourd’hui tant de choses bouleversantes que les mots me manquent pour les décrire. Je vous demande à tous de croire en la vocation de Monsieur Groening ! ».

Pourtant, derrière ces scènes de liesse, la bataille juridique ne fait que commencer. Accusé d’exercice illégal de la médecine, Bruno Groening divise l’opinion : il est le dernier espoir pour les uns, et un danger public pour les autres.

2. La Doctrine et la Pratique : Comment ça marche ?

Au-delà de sa propre personne, Bruno Groening a laissé derrière lui une méthode précise. Il ne se considérait pas comme un faiseur de miracles, mais comme un simple « transformateur ». Selon ses propres termes, il captait l’énergie divine pour la rendre accessible aux humains, comparant souvent Dieu à une centrale électrique et l’homme à une ampoule qui a besoin de courant pour briller.

Le concept du « Heilstrom » (Courant guérisseur)

Le point central de son enseignement est le Heilstrom, ou courant guérisseur. Pour Groening, la maladie n’est pas une fatalité, mais la conséquence d’une déconnexion avec la « source divine ». Le but de la pratique est de rétablir cette connexion pour laisser circuler à nouveau l’énergie vitale.

Il résumait cette philosophie par une phrase devenue la devise du mouvement : « Aie confiance et crois, la force divine aide et guérit. » Pour lui, il n’y avait rien d’incurable, à condition que le malade soit prêt à se détourner de sa souffrance pour s’ouvrir au bien.

La pratique du « Einstellen » : Le mode d’emploi

Beaucoup de personnes cherchent à comprendre comment pratiquer concrètement cette méthode. Dans le jargon du Cercle des Amis, cela s’appelle le « Einstellen » (se régler ou se connecter). Voici la description technique de cette méditation, telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui :

  • La posture physique : Il est recommandé de s’asseoir le dos droit, sans s’appuyer si possible. Il est impératif de ne pas croiser les jambes ni les bras, car selon Groening, cela créerait un « court-circuit » empêchant l’énergie de circuler.
  • La position des mains : Les mains doivent reposer sur les cuisses, paumes ouvertes vers le ciel, en signe de réception.
  • L’attitude mentale : Le pratiquant doit se détacher de ses pensées négatives et surtout ne pas penser à sa maladie. Il doit se concentrer sur ses ressentis corporels (chaleur, picotements, courant).

Cette pratique se fait souvent en écoutant de la musique classique ou des enregistrements de conférences de Bruno Groening. Les adeptes rapportent souvent ressentir une forte chaleur ou des fourmillements dans les extrémités durant cet exercice.

Les « Regelungen » : Quand la guérison fait mal

Un aspect déroutant de cette méthode est ce que Groening appelait les Regelungen (régulations). Il prévenait que le processus de guérison pouvait initialement provoquer une aggravation des symptômes ou des douleurs vives.

Selon son enseignement, cette douleur n’est pas mauvaise : c’est le signe que le « Heilstrom » nettoie le corps et expulse la maladie (le mal). Cette explication est toutefois à double tranchant, car elle peut inciter des malades à supporter des douleurs anormales sans consulter, pensant qu’il s’agit d’un processus de purification.

Une approche comparable au magnétisme ?

Si l’on analyse cette méthode avec un regard extérieur, elle partage de nombreux points communs avec d’autres pratiques énergétiques ou spirituelles. On peut y voir des similitudes avec le Reiki, le Qi Gong ou le magnétisme curatif, qui postulent tous l’existence d’une énergie vitale universelle.

D’un point de vue scientifique, l’efficacité ressentie par les pratiquants peut aussi être liée à de puissants mécanismes d’autosuggestion et d’effet placebo, amplifiés par la ferveur collective et la figure charismatique du guérisseur.

3. L’Envers du décor : Procès, Mort et Héritage

Si la ferveur populaire était immense, la réponse des autorités le fut tout autant. Dès 1949, Bruno Groening se heurte à l’establishment médical et judiciaire allemand. On lui reproche d’enfreindre la loi sur les Heilpraktiker (praticiens de santé non médicaux) et d’exercer illégalement la médecine.

Une vie marquée par les tribunaux

Les procès s’enchaînent. Le plus retentissant débute en 1955, où il est accusé d’homicide par négligence suite au décès d’une jeune fille de 17 ans atteinte de tuberculose. Bien que ses défenseurs arguent qu’il n’a jamais interdit les traitements médicaux, la justice lui reproche d’avoir entretenu de faux espoirs ayant retardé une prise en charge efficace.

Il est condamné en appel à une peine de prison avec sursis et à une amende, mais le jugement ne sera jamais définitif. Bruno Groening meurt avant la fin de la procédure de révision.

Le paradoxe de la fin : Cancer ou « Combustion intérieure » ?

La mort de Bruno Groening, le 26 janvier 1959 à Paris, reste un sujet de discorde fondamental entre ses fidèles et les historiens. Officiellement, le certificat de décès fait état d’un cancer de l’estomac à un stade avancé. Pour les sceptiques, c’est la preuve ultime que le guérisseur ne pouvait se guérir lui-même.

Pour ses adeptes, la lecture est toute autre : ils affirment que Groening ne souffrait pas d’un cancer ordinaire, mais qu’il « brûlait de l’intérieur » à force de porter la souffrance des autres et d’être empêché d’exercer par la justice. Selon eux, son corps n’aurait plus supporté cette surcharge d’énergie inemployée.

4. Le Cercle des Amis aujourd’hui : Organisation et Vigilance

La mort du fondateur n’a pas arrêté le mouvement. Au contraire, sous l’impulsion de Grete Häusler (1922-2007), une collaboratrice proche qui affirmait avoir été guérie de trois maladies incurables, le Cercle des Amis de Bruno Groening a été fondé en 1979 pour structurer l’enseignement et préserver l’héritage.

Le Groupe Médico-Scientifique (MWF)

Pour crédibiliser les résultats obtenus par la méthode, le Cercle a créé en 1992 le Groupe médico-scientifique spécialisé (MWF). Cette structure regroupe plusieurs milliers de médecins et professionnels de la santé bénévoles à travers le monde.

Leur mission est de documenter les guérisons sur le modèle de l’anamnèse clinique : vérification des rapports médicaux antérieurs, suivi de l’évolution et confirmation de la guérison par des examens indépendants. Le MWF affirme posséder des milliers de dossiers archivés attestant de rémissions de cancers, d’ostéoporose ou de dépressions sévères.

Le phénomène du film documentaire

L’un des vecteurs principaux de diffusion du mouvement aujourd’hui est le film documentaire « Le phénomène Bruno Groening ». Diffusé régulièrement lors de conférences publiques ou sur YouTube, ce film de 5 heures est présenté par le Cercle non pas comme un simple reportage, mais comme un outil de guérison en soi.

De nombreux spectateurs rapportent avoir ressenti le fameux « Heilstrom » (picotements, chaleur) durant la projection. Le MWF cite notamment le cas de Silke Maydt, guérie d’une inflammation chronique des tendons après avoir vu le film, ou de Horst Höck, libéré d’un asthme bronchique de 30 ans durant la séance. Ces témoignages, bien que rejetés par la médecine académique, constituent le cœur de la communication du groupe.

Mises en garde et dérives sectaires

Malgré ces témoignages positifs, il est impératif d’aborder la question de la sécurité. En France, la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) a régulièrement mentionné le groupe dans ses rapports ou a été saisie d’inquiétudes à son sujet.

Le risque principal identifié n’est pas tant la méditation en elle-même, mais la possibilité que des personnes vulnérables abandonnent leurs traitements médicaux conventionnels (chimiothérapies, insuline) dans l’espoir d’une guérison spirituelle exclusive. Bien que le Cercle des Amis stipule officiellement qu’il ne faut jamais arrêter un traitement médical, la pression du groupe ou l’interprétation radicale des « douleurs de guérison » (Regelungen) peuvent conduire à des drames.

En conclusion, Bruno Groening reste une figure énigmatique du XXe siècle. Que l’on y voie un canal de la grâce divine ou un exemple historique d’effet placebo collectif, son histoire continue de fasciner et d’interroger notre rapport à la maladie, à la foi et à la médecine.

7 commentaires sur “Bruno Groening : le guérisseur, la méthode et les dangers”

  1. En lisant ceci, je veux y croire je veux vraiment .
    Mais ça semble tellement incroyable !
    Et pourtant si cela m’arrivait, je pourrais enfin revivre. Toutes mes douleurs enfin disparues !
    Il faut sans doute y croire

    1. Et bien oui je peux comprendre l’intérêt et même l’espoir que ça peut susciter.
      Il faut savoir que la science fait actuellement de véritables bons en avant et on s’aperçoit notamment que la santé est en grande partie hormonale , surtout pour les femmes après la ménopause.

      Qui s’occupe de vous ? Votre médecin a-t-il été formé en médecine fonctionnelle ? (la fameuse nouvelle médecine qui est beaucoup beaucoup plus efficace ??)
      Quelle stratégie avez vous pour diminuer les douleurs ? Quel nutriment antiinflammatoire avez vous essayé ?

      Et également pratiquez vous une méthode de respiration chaque jour ? Si oui, laquelle ?
      Christophe ETIENNE

      1. Salut !!!!
        j’ai 87 ans et viens seulement d’apprendre que www signifie 666 !!! Le chiffre du diable.
        Tous les sites s’ouvrent sans écrire ces 3 lettres !!!!!
        En toute fraternité
        Sarah Nicole
        Un autre bonheur : Hippocrate :  » Que ton aliment soit ton médicament, et ton médicament, ton aliment. » Dixit 500 ans avant Jésus Christ.
        Depuis 46 ans, je ne mange ni viande, ni poisson, ni produit laitier; ni aucun médicament chimique et je n’ai pas consulté un médecin…
        Mon rein unique depuis 1960 va au mieux !!!! Plus aucune crise rénale ni cystite !!!!
        Fraternellement
        Nicole Sarah

        1. Bonjour Mme Sarah
          merci pour votre témoignage
          Ce serait intéressant de savoir si vous êtes du groupe sanguin A ?

          De mon côté je suis du groupe sanguin O c’est exactement l’inverse, si je reste trop longtemps sans protéines carnées, la fatigue s’installe, la déprime, le sommeil devient catastrophique, la libido chute, je devient nerveux aussi et certains spasms reviennent (car j’ai essayé le végétarisme il y a bien longtemps et plusieurs spasms persistents étaient apparus.

  2. J’ai déjà assisté à La Rochelle à un événement et j’ai été touchée de la sensation ressentie.
    Aujourd’hui j’ai un ami qui aurait besoin d’aide alors je peux peut être l’aider à vous connaître.
    Merci

  3. Bonjour à toutes et tous,
    quel bonheur de « parler » avec Yeshua. Quelque soit le nom qui Lui est donné, Il est là !!!!
    C’est avec un très grand bonheur et une reconnaissance infinie que j’ai enfin accepté que l’on ne tirait pas sur l’herbe pour la faire pousser !!!! Ainsi que l’enfant qui prend naissance dans le ventre de sa mère !!
    J’ai retrouvé, lu et écouté avec une joie ineffable les paroles de Bruno Gröning en revoyant « Le Cercle des Amis de Bruno Gröning. »
    Ma reconnaissance est illimitée.
    Mon merci ne peut pas exprimer cette joie ineffable.
    Qu’il puisse en être de même pour toi qui lis ces lignes.
    En toute fraternité et sororité.
    Sarah

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