De la suspicion à la certitude
Ballonnements chroniques, transit imprévisible, fatigue inexpliquée… Vous avez fait vos recherches et vous vous reconnaissez dans la description du SIBO. Mais une suspicion, aussi forte soit-elle, ne suffit pas. Pour sortir de l’incertitude et engager une démarche de guérison efficace, il est indispensable d’obtenir un diagnostic clair et objectif.
Mettre un nom précis sur vos maux n’est pas seulement rassurant, c’est la première étape stratégique vers un protocole de traitement qui fonctionne.
Pourquoi un diagnostic précis est-il crucial ?
À l’ère d’internet, la tentation de s’autodiagnostiquer et de tester des solutions trouvées en ligne est grande. C’est pourtant le chemin le plus court vers la frustration et l’échec. Un diagnostic formel réalisé par un professionnel est essentiel pour :
- Confirmer qu’il s’agit bien d’une prolifération bactérienne dans l’intestin grêle, et non d’une autre pathologie aux symptômes similaires.
- Identifier le type de SIBO (à Hydrogène, à Méthane, Hydrogène sulfuré), car les stratégies thérapeutiques ne seront pas les mêmes.
- Évaluer l’ampleur de la fermentation pour adapter l’intensité du protocole.
- Éviter de dépenser du temps et de l’argent dans des régimes ou des compléments alimentaires inadaptés, voire contre-productifs.
L’outil de référence : le test respiratoire
Oubliez les examens invasifs comme la coloscopie, qui explore le côlon et ne permet pas de voir ce qu’il se passe dans l’intestin grêle. La méthode de référence, non invasive et reconnue internationalement pour diagnostiquer le SIBO, est le test respiratoire (ou Breath Test en anglais).
Des experts mondiaux du SIBO comme le Dr. Allison Siebecker, le Dr Nirala Jacobi ou le Prof Mark Pimentel, aux pionniers européens comme le Pr. Maximilian Ledochowski s’accordent sur sa fiabilité pour mesurer objectivement l’activité de fermentation dans l’intestin grêle.
Comment fonctionne un test respiratoire ? (le principe simplifié)
Le principe du test est simple et ingénieux. Il vise à « piéger » les bactéries en leur donnant leur nourriture préférée et à mesurer les gaz qu’elles produisent en retour.
- Le principe : En cas de SIBO, les bactéries qui prolifèrent dans votre intestin grêle fermentent certains sucres et produisent des gaz (principalement de l’hydrogène et du méthane). Ces gaz traversent la paroi intestinale, passent dans votre circulation sanguine, et sont finalement évacués par vos poumons. Le test consiste donc à mesurer la concentration de ces gaz dans l’air que vous expirez.
- La préparation : Pour que le test soit fiable, une diète de préparation est nécessaire pendant 24 à 48 heures avant le rendez-vous. Elle vise à réduire les aliments fermentescibles au début de la mesure.
- Le déroulement : Le jour J, le test dure environ 3 heures et se déroule en plusieurs temps :
- Vous soufflez une première fois dans un appareil pour mesurer votre niveau de gaz « à jeun » (votre ligne de base).
- Vous buvez une petite quantité d’un sucre spécifique (généralement du lactulose, aujourd’hui considéré comme légèrement plus fiable que le glucose) qui servira d’appât pour les bactéries.
- Vous soufflez à nouveau dans l’appareil à intervalles réguliers (toutes les 15 à 30 minutes).
- L’Interprétation : Si l’appareil détecte une augmentation rapide et significative de la concentration d’hydrogène ou de méthane dans les 90 à 120 premières minutes, cela signe la présence d’une fermentation anormale dans l’intestin grêle et confirme le diagnostic de SIBO.
- Centres de diagnostic du SIBO : en pratique, une majorité de personnes aujourd’hui commandent un kit de prélèvement afin de réaliser les tests respiratoires chez soi : Sibolab.de et Ibiote.com sont les deux plus connus. Les laboratoires d’analyses médicales commencent à le proposer de plus en plus (comme Synlab), l’Hôpital européen de Marseille est l’un des plus avancés sur le sujet, le laboratoire Alphabio, également à Marseille (créateur de Ibiote.com).
- Certains praticiens, dont je fais partie, peuvent proposer si besoin une évaluation du SIBO en utilisant un appareil portable d’analyse des gaz respiratoires : le Foodmarble. Ce petit appareil est destiné à aider les personnes à mesurer elles-mêmes les gaz respiratoires dans la journée afin de déterminer les aliments les moins bien digérés et créer, via une application très bien faite, une véritable gestion alimentaire personnelle. Le Foodmarble peut également servir à évaluer un SIBO en cabinet, et ainsi orienter le patient vers une analyse détaillée du SIBO. Les publications scientifiques assurant la fiabilité du Foodmarble sont rassemblées ici : https://foodmarble.com/gi/science#breath-testing
Décrypter les Résultats : Les différents types de gaz
Le test respiratoire ne se contente pas de dire « oui » ou « non ». Il permet surtout d’identifier le profil de votre prolifération bactérienne, une information capitale pour le choix du traitement :
- Le SIBO à Hydrogène (H2) : C’est le type le plus fréquent. Il est généralement produit par des bactéries qui fermentent les glucides et est souvent associé à des troubles du transit de type diarrhée.
- Le SIBO à Méthane (CH4) : Il est produit par des micro-organismes différents (appelés archées) qui se nourrissent de l’hydrogène produit par les autres bactéries. Il est très fortement corrélé à la constipation et à une sensation de « blocage ».
- Le SIBO à Hydrogène Sulfuré (H2S) : Un troisième type, plus rare et plus difficile à mesurer, qui produit un gaz à l’odeur « d’œuf pourri » et est souvent lié à des symptômes d’inflammation systémique
- Le Méthylacétate : selon un gastro-entérologue passionné, dans le future nous pourrons mesurer d’autres composés comme le méthylacétate (ou éthylacétate), qui signe une fermentation de type « vinaigre », acidifiante pour l’organisme.
Les examens complémentaires
Dans certains cas, le test respiratoire peut être complété par une échographie abdominale fonctionnelle. Cet examen permet de visualiser d’éventuels problèmes mécaniques comme des stases (zones où le transit ralenti) ou une mauvaise vidange de l’estomac, qui peuvent être une des causes de la prolifération bactérienne. Certaines personnes complètent par un examen fibroscan permettant d’évaluer la quantité de graisse dans le foie. Mais généralement les passionnées de microbiote et de médecine fonctionnelle comme moi mettent plus l’accent sur des analyses sanguines approfondies, plus précisément des analyses permettant d’évaluer les fonctions hormonales (notamment les trois marqueurs de la thyroïde et le cortisol. En cas de troubles de santé chroniques, la DHEA et la prégnénolone sont utiles, et écarter la piste des principales pathologies auto-immunes comme la thyroïdite d’hashimoto par exemple.
Mais ce sont les analyses de la composition du microbiote qui sont de plus en plus recommandées, devenues assez communes aux USA, en Belgique, Suisse, Allemagne. Ces analyses apportent des informations précieuses sur les bactéries présentes dans notre microbiote, et celles absentes, sur la proportions de bactéries sécrétrices d’acide gras à courte chaîne, sur l’état de la paroi et du mucus intestinal, etc.. Évaluer la présence interne de polluants (comme le glyphosate, le cadmium, les Pfas, les principaux perturbateurs endocriniens) sera la prochaine étape pour mieux comprendre l’émergence aussi rapide des troubles de santé chroniques, notamment chez les jeunes. Mieux évaluer les dysrégulations du nerf vague sera également une étape importante dans ces recherches.
Et après le diagnostic ?
Un diagnostic, c’est le point de départ. Il vous donne la carte du terrain. L’étape suivante consiste à définir la stratégie la plus adaptée pour reconquérir votre santé digestive.