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Qu’est-ce que le SIBO ? Définition simple d’un trouble digestif multifactoriel

Mettre un nom sur un chaos

Ballonnements et gonflements du bas ventre, digestion imprévisible, sommeil altéré, fatigue de plus en plus prégnante… Vous entendez de plus en plus parler du terme « SIBO », mais sans vraiment savoir ce qu’il recouvre. Est-ce une maladie ? Est-ce la même chose que le « côlon irritable” et la “colopathie » ? Est-ce la cause de vos maux ?

Cette page est conçue pour répondre simplement et clairement à ces questions. Comprendre ce qu’est le SIBO, c’est la première étape pour dédramatiser la situation et commencer à envisager des solutions concrètes.

La définition en une phrase

Le SIBO (de l’anglais Small Intestinal Bacterial Overgrowth) est une pullulation ou prolifération bactérienne excessive dans l’intestin grêle.Pour bien comprendre ce que cela signifie, utilisons une analogie simple.

L’intestin grêle : un quartier résidentiel qui devient une mégalopole)

Votre tube digestif abrite des milliards de bactéries, collectivement appelées le microbiote. Mais leur répartition n’est pas uniforme.

  • En temps normal : L’immense majorité de votre flore intestinale (99%) est censée vivre dans le côlon (le gros intestin). L’intestin grêle, lui, est comme un « quartier résidentiel » : il est relativement peu peuplé en bactéries (en moyenne 10 000 fois moins de bactéries que le colon). Son rôle principal est d’absorber les nutriments issus de votre alimentation dans un environnement complexe mais en constant équilibre. 
  • En cas de SIBO : Pour diverses raisons (que nous explorons dans la page sur les causes), cet équilibre est rompu. Soit des bactéries du côlon « remontent » dans l’intestin grêle (très rare), soit les bactéries qui y vivent se multiplient de façon anarchique. Le quartier résidentiel calme se transforme alors en une « mégalopole » surpeuplée et bruyante.

La confusion la plus courante : SIBO ou syndrome de l’intestin irritable (SII) ?

C’est le point le plus important à éclaircir. On vous a peut-être diagnostiqué un « syndrome de l’intestin irritable » (SII), une « colopathie fonctionnelle ». Pendant des années, ces termes ont été utilisés pour décrire un ensemble de symptômes (douleurs et crampes, ballonnements, diarrhée/constipation) sans qu’on en trouve de cause organique visible. C’est clairement un diagnostic par élimination.

Aujourd’hui, la recherche a fait un pas de géant. Il est désormais reconnu qu’une bonne  partie des personnes diagnostiquées avec un syndrome de l’intestin irritable souffrent en réalité d’un SIBO (probablement entre 50 et 60%) et/ou de proliférations adjacentes. Notons c’est l’on parlait jusqu’à présent d’intestin paresseux et de gastroparésie mais depuis une quinzaine d’années l’augmentation exponentielle des symptômes digestifs chroniques dans la population a favorisé l’émergence de nombreuses recherches, qui ont donné lieu à ces nouveaux acronymes. 

Nous distinguerons plus tard les autres proliférations les plus étudiées : IMO (intestinal methanogen overgrowth), ISO (intestinal sulfide overgrowth). 

D’autres proliférations sont également à l’étude : le SIFO (small intestin fungal overgrowth, ou “candidose du grêle”), et des proliférations dans le côlon : LIBO (large intestinal bacterial overgrowth) et LIFO (large intestinal fungal overgrowth). D’où l’importance de se tourner dans une personne ayant un certain niveau d’expertise.

Le SIBO n’est donc pas la même chose que le SII, mais il en est l’une des principales causes identifiables et mesurables. Identifier un SIBO permet de passer d’un syndrome « énigmatique » et « fonctionnel » à une condition concrète, avec des causes plus précises et des stratégies de traitement ciblées.

Signalons un aspect extrêmement important de ce phénomène de proliférations : elles peuvent se cumuler et on retrouve ainsi très souvent un SIBO associé à un SIFO ou à un IMO et même (plus rare) à un ISO. Sans parler des parasites, ou helminthes et autres oxyures, sujet très en vogue sur les réseaux sociaux, qui peuvent également se retrouver dans notre intestin, ce qui rajoute d’autres complications et symptômes (parfois caractéristiques, parfois non). Notons que la fiabilité des examens (tels que pratiqués actuellement en France) permettant de rechercher la présence de parasites est de plus en plus remise en question.  

Le recueil de tous les symptômes possibles observés par les personnes qui consultent est ainsi une étape fondamentale pour l’évaluation la plus fine possible des proliférations de micro-organismes nous affectent. Ainsi que déterminer les causes de rechutes et de chronicité. Pratiquer un certain nombre de tests et examens est important mais par expérience j’ai pu constater que le recueil des symptômes et observations est précieux et déterminant. 

Quelles sont les conséquences concrètes de cette prolifération?

Cette surpopulation bactérienne dans l’intestin grêle n’est pas sans conséquences. Elle perturbe profondément le processus digestif de trois manières :

  1. Une importante production de gaz : Les bactéries en surnombre se jettent notamment sur les glucides que vous mangez et les fermentent, produisant des quantités importantes de gaz (dont certains sont mesurables : hydrogène, méthane…). C’est l’une des  causes directes des ballonnements, de la distension du ventre et des douleurs.
  2. Une malabsorption des nutriments : Les bactéries se servent avant vous. Elles consomment une partie des vitamines (notamment la B12) et des minéraux (comme le fer) de votre alimentation avant que votre corps n’ait eu le temps de les absorber. Cela peut augmenter les carences et favoriser la fatigue. Certaines bactéries sont également capables de produire de l’alcool et des acides gras inflammatoires (du mauvais gras) qui vont s’accumuler dans notre ventre (la fameuse graisse viscérale). 
  3. Un endommagement de la paroi intestinale : Les toxines libérées par les bactéries et l’inflammation qui en résulte abîment la muqueuse de l’intestin grêle, la rendant perméable (le fameux leaky gut). Notons que le mucus protecteur des muqueuses et hôte des microbiotes est également presque toujours endommagé, notamment par les très pollutions environnementales. Ce sont les causes de l’apparition de nombreuses intolérances alimentaires.
  4. Au final ça favorise un état inflammatoire qui peut devenir chronique : les liens étroits qui existe entre systèmes immunitaire, nerveux, hormonal, circulatoire (sang, lymphe) expliquent la survenue d’états inflammatoires pouvant devenir graduellement chroniques : quand un des systèmes est durablement affecté, un  déséquilibre global peut alors s’installer durablement, de manière très singulière.   

Maintenant que vous comprenez mieux ce qu’est le SIBO et ses conséquences, vous vous demandez peut-être si vos propres symptômes correspondent et, surtout, comment en avoir le cœur net.

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