La double peine
Vous suivez un protocole pour le SIBO mais vos pulsions sucrées, votre fatigue et vos mycoses ne disparaissent pas ? Ou à l’inverse, vous traitez une candidose mais les ballonnements après chaque repas persistent ?
Si ce scénario vous est familier, vous n’êtes pas seul(e). Le SIBO et la candidose chronique sont souvent les deux faces d’une même pièce : un écosystème intestinal (ou microbiote) profondément déséquilibré. Comprendre leur lien est la première étape pour mettre en place une stratégie enfin efficace.
Pourquoi vont-ils souvent de pair ?
Le SIBO et la candidose ne cohabitent pas par hasard. Ils sont les complices d’un crime dont la victime est votre équilibre digestif. Voici comment leur association se met en place.
- Un terrain commun favorable : Les deux prolifèrent dans les mêmes conditions : un transit ralenti, un manque d’acidité dans l’estomac, une alimentation trop riche en sucres et en glucides raffinés, et surtout, un système immunitaire affaibli, souvent suite à des traitements médicamenteux.
- L’un prépare le terrain pour l’autre : Le scénario le plus fréquent est un cercle vicieux. Prenons l’exemple d’une prise d’antibiotiques :
- Les antibiotiques détruisent de nombreuses bactéries, bonnes comme mauvaises, mais sont inefficaces contre les levures.
- Le candida albicans, une levure naturellement présente, profite de cet espace libre pour se multiplier de façon excessive.
- En devenant pathogène, il passe sous sa forme « mycélienne » (filamenteuse), endommage la paroi de l’intestin (participant à l’hyperperméabilité) et ralentit la motilité intestinale.
- Ce nouvel environnement – un intestin abîmé, enflammé et paresseux – devient le terreau idéal pour qu’une prolifération bactérienne (SIBO) s’installe et prospère à son tour.
SIBO ou Candidose ? Le Défi du Diagnostic
Les symptômes se chevauchent souvent, ce qui rend le diagnostic difficile sans tests objectifs.
- Symptômes souvent partagés : ballonnements, production de gaz, sommeil altéré et fatigue chronique, brouillard cérébral, douleurs abdominales.
- Pistes pour différencier :
- Pensez « SIBO » si : vos ballonnements apparaissent très rapidement après les repas (moins d’une heure ou deux) et sont clairement déclenchés par des aliments spécifiques riches en fibres ou en sucres (FODMAP). Egalement si vous observez une alternance entre constipations et diarrhées sur le moyen ou le long terme.
- Pensez « candidose » si : Vous souffrez de mycoses récidivantes (vaginales, cutanées, muguet buccal), de pulsions sucrées fortes et irrépressibles, d’une langue chargée d’un enduit blanchâtre ou de symptômes qui s’aggravent dans les environnements humides. S’il y a une tendance selles molles et également si les intolérances alimentaires ce sont installées rapidement dans votre vie. Si votre digestion est très améliorée par les enzymes digestives ça peut être un signe de candidoses car ces dernières inhibent partiellement certaines enzymes.
La seule façon de trancher est de réaliser des tests objectifs : le test respiratoire pour le SIBO et des analyses spécifiques (urinaires ou de selles) pour la candidose.
La stratégie d’attaque sur deux fronts
Combattre le SIBO et la candidose simultanément demande une approche rigoureuse mais cohérente.
- 1. L’alimentation : la pierre angulaire commune. La bonne nouvelle est que les régimes se rejoignent. La stratégie consiste à adopter une alimentation qui affame à la fois les bactéries et les levures : un régime pauvre en FODMAP (de quelques mois maximum) ET pauvre en sucres, qui élimine les sucres raffinés, la plupart des fruits, l’alcool, certains produits laitiers et tous les aliments contenant des levures. Mais sur une période donnée (généralement plusieurs mois) et surtout pas sur le long terme.
- 2. Les agents naturels à double action Il est essentiel de choisir des agents antimicrobiens qui sont efficaces à la fois contre les bactéries et les levures. Parmi les plus courants, on retrouve :
- L’acide caprylique : extrait de la noix de coco, il est capable de désagréger les parois cellulaires des levures.
- La berbérine : cette substance végétale est un allié de choix, reconnu pour son activité à la fois antibactérienne et antifongique.
- Les huiles essentielles : celles d’origan, de cannelle ou de clou de girofle sont redoutables contre les deux types de proliférations. Attention à leur utilisation (notamment celles contenant des phénols) !
- 3. Ne jamais oublier les biofilms résistants. Le SIBO et la Candida se protègent tous deux au sein de « forteresses » appelées biofilms, ce qui les rend très résistants. Une stratégie efficace doit inclure des agents capables de réduire ces biofilms, comme les enzymes protéolytiques, la NAC, la lactoferrine, etc… pour permettre au système immunitaire et aux autres agents d’agir. C’est parfois un processus de longue haleine.
- 4. Les levures (candidoses) aiment les polluants et les métaux lourds : en cas de récidive il ne faudra pas négliger la détox des polluants ou des métaux lourds (mesurables avec un oligoscan).
Gérer cette double problématique est complexe. L’ordre des actions, le choix des agents naturels et la gestion de l’alimentation demandent une stratégie fine et personnalisée pour obtenir des résultats durables.
Cette approche spécifique s’intègre dans un protocole de traitement plus large visant à restaurer l’ensemble de votre écosystème digestif.