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Le zinc-carnosine est-il intéressant pour traiter une gastrite ou le RGO ? en remplacement des IPP ?

Les discutions avec Christian Boyer (docteur en biologie et physiologie humaine), grand passionné de l’intestin irritable, du SIBO et des troubles digestifs en général, sont souvent passionnantes et souvent particulièrement fructueuses. 

Voici ce qui ressort de récentes discussions.

Solution naturelle pour le reflux, la gastrite et l’intestin irritable : le zinc-carnosine

Existe-til une solution naturelle pour soigner une gastrite ? La réponse est OUI, et cette solution a été éprouvée par la science !

Je parle souvent du Zinc-L-carnosine et à juste titre ! J’aime beaucoup l’utiliser dans la pratique. Les japonais l’utilisaient déjà depuis le début des années 90 pour soigner les ulcères.

La recherche de la cause de la gastrite est primordiale, en plus de l’utilisation de suppléments tels que le Zinc-L-carnosine.

Et il faut généralement associer d’autres nutriments pour une action plus efficace et durable. Comme la lactoferrine par exemple, qui détient un record de plus de 10 000 articles scientifiques notamment sur ses actions immunitaires. Une bonne dizaine d’autres nutriments sont également à retenir pour compléter l’action du zinc-carnosine, et seront abordés dans un autre article. 

Qu’est-ce que le zinc-L-carnosine ?

Le zinc-L-carnosine ou zinc carnosine (ZnC), également connu sous le nom polaprezinc, est un chélate de zinc et de L-carnosine. Autrement dit, le minéral zinc est lié à l’échelle moléculaire à un dipeptide qui est la L-carnosine, avec un ratio 1:1. La combinaison de ces deux éléments permet d’obtenir des effets supérieurs à la prise séparée de zinc et de L-carnosine. L’efficacité de ce composé dans le traitement des ulcères gastriques a été rapporté pour la première fois durant des essais cliniques conduits dans les années 1990 au Japon.

Le mécanisme responsable de l’effet bénéfique du ZnC dans les ulcères gastriques serait dû à une dissociation lente du composé dans l’estomac et à une adhérence supérieure au niveau de la muqueuse, notamment au niveau des zones lésées [1]. Au-delà de ces effets sur la muqueuse gastrique, le zinc carnosine semble également exercer des propriétés protectrices sur l’ensemble de la muqueuse intestinale.

Les études in vitro et in vivo [2] ont mis en évidence un effet antioxydant direct via l’inhibition des espèces réactives de l’oxygène, ainsi qu’un effet indirect via l’induction d’enzymes antioxydantes. Le ZnC possède également une activité anti-inflammatoire, en inhibant l’expression de médiateurs pro-inflammatoires tels que les interleukines IL-β et IL-8 ainsi que le TNF-α (Tumor necrosis factor alpha). Le zinc carnosine agit aussi sur la voie de signalisation du NF-κB, un facteur de transcription clé dans les processus inflammatoires. Enfin, le ZnC intervient dans les processus de régénération des muqueuses gastrique et intestinale, en stimulant l’expression de facteurs de croissance tissulaires tels que le NGF (Nerve growth factor), l’EGF (Epidermal growth factor) ou encore l’IGF-1 (Insulin growth factor 1).

Molécule de Zinc carnosine

En traitement et prévention des ulcères gastriques

Les premières données en faveur de l’effet curatif du ZnC proviennent d’études cliniques menées par des chercheurs japonais. Dans une étude datant de 1992, un apport de 75 mg de zinc carnosine (Z-103) deux fois par jour a été évalué en traitement d’ulcères gastrique chez des adultes [3]. Après 8 semaines de traitement, 72% des participants ont rapporté une amélioration marquée de leurs symptômes. La même année, une autre étude, randomisée, contrôlée et en double-aveugle a confirmé l’intérêt du zinc-L-carnosine dans le traitement des ulcères [4]. L’étude avait été réalisée sur 258 personnes souffrant d’ulcère gastrique.

L’administration de zinc carnosine a été comparée à celle de cétraxate (médicament anti-ulcéreux), et les résultats montraient clairement qu’après 8 semaines de traitement la rémission des ulcères était de 60,4% dans le groupe zinc carnosine contre 46,2 % dans le groupe cétraxate.

En plus d’être utile pour traiter les ulcères, le ZnC pourrait également présenter un intérêt dans le cadre de leur prévention. En effet, dans un modèle animal d’ulcère gastrique (induit par l’éthanol), un pré-traitement au ZnC a fortement réduit la sévérité des lésions avec un effet dose-dépendant [5].

Une revue de la littérature publiée par la chercheuse Katherine A. Lyseng-Williamson en 2019 fait le bilan des données scientifique concernant le zinc carnosine, et sa conclusion est que ce composé est très bien toléré (effets secondaires rares et mineurs), et au moins aussi efficace si ce n’est plus que les agents mucoprotecteurs couramment utilisés pour le traitement des ulcères [2].

Pour l’éradication d’Helicobacter pylori (en combinaison avec la trithérapie allopathique)

La bactérie H. pylori est désormais connue pour jouer un rôle dans de nombreux troubles gastriques comme les gastrites chroniques et les ulcères. Lorsqu’une infection à H. pylori évolue vers un ulcère, le traitement classique est une trithérapie associant 2 antibiotiques (clarithromycine et amoxicilline) à l’oméprazole, un inhibiteur de la pompe à protons permettant de diminuer la production d’acide dans l’estomac.

Dans une étude de 2017, l’effet de la combinaison du ZnC avec la trithérapie a été comparée à la trithérapie seule pour le traitement des gastrites associées à une infection à H. pylori. Les résultats montrent une amélioration significative d’environ 20% de l’éradication d’H. pylori lorsque le zinc carnosine est ajouté à la trithérapie [6].

PS : Il existe des solutions naturelles et efficaces pour se débarrasser d’un H.pylori comme le Mastic Gum, le Pylopass (un probiotique inactivé qui va « capturer » la bactérie H.pylori à la manière d’un hameçon), ou encore l’utilisation raisonnée et courte (et avec un suivi par un pro de santé) de l’Ag colloïdal en 15 ppm.

En protection de la muqueuse intestinale

Un article scientifique de 2007 paru dans Gut [7] a étudié l’effet de l’administration de Zinc-L-carnosine chez des souris traitées à l’indométacine, une substance qui provoque des dommages à la muqueuse de l’intestin grêle. Un des critères retenu dans l’étude pour évaluer les dommages intestinaux était la hauteur des villosités intestinales. La diminution des villosités chez les souris ayant reçu le ZnC avant le traitement à l’indométacine était réduite de 50 % par rapport au groupe n’ayant pas reçu de ZnC, mettant bien en avant un effet cytoprotecteur de cette forme de zinc.

Les auteurs de l’article sont allés plus loin et ont testé l’effet protecteur du ZnC dans un essai randomisé chez 10 adultes volontaires en bonne santé. Le protocole expérimental consistait à observer les modifications de la perméabilité intestinale chez les participants avant et après 5 jours de traitement avec de l’indométacine associée à une supplémentation en zinc carnosine ou un placebo. Les participants à l’étude ont reçu des doses modérées d’indométacine avec 37,5 mg de ZnC ou un placebo, deux fois par jour.

Les chercheurs ont constaté que la prise d’indométacine sur une durée de 5 jours multipliait par 3 la perméabilité de l’intestin. En revanche, chez les personnes prenant du ZnC, cette augmentation de la perméabilité intestinale n’était pas présente, suggérant un effet bénéfique du ZnC sur le maintien de l’intégrité de la barrière intestinale.

En conclusion et en pratique

La combinaison moléculaire du zinc avec la L-carnosine présente des propriétés intéressantes pour la santé gastro-intestinale.

À des doses journalières comprises entre 75 et 150 mg, le zinc-L-carnosine est considéré comme sûr et efficace dans le traitement et la prévention des ulcères gastro-duodénaux (associés ou non à une infection à H. pylori). Ce complément pourrait également être conseillé en cas d’inflammation et de situations d’hyperperméabilité intestinale.

En cas de prise prolongée sur plusieurs mois (ce qui est parfois nécessaire), il est cependant recommandé d’inclure une supplémentation en cuivre (environ 1mg tous les 2-3 jours à distance de la prise de zinc) pour contrer l’effet inhibiteur du zinc sur l’absorption du cuivre.

PS : Zinc Carnosine à prendre estomac vide et en dehors des repas de préférence, si gêne lors de la prise dans ce cas prendre 5 à 10 min avant un repas (mais il sera moins efficace)

Références :

1-Matsukura T and Tanaka H. Applicability of zinc complex of L-carnosine for medical use. Biochemistry 2000;65(7):817-823.

2-Lyseng-Williamson KA. Zinc l-carnosine in gastric ulcers: a profile of its use. Drugs Ther. Perspect 2019;35:463–9.

3-Miyoshi A, Matsuo H, Miwa T, et al. Clinical evaluation of Z-103 in the treatment of gastric ulcers: a multicenter doubleblind dose finding study. Jpn Pharmacol Ther. 1992;20(1):181–97.

4-Akima M, Hiroshi M, Tsuyoshi M, et al. Clinical Evaluation of Z-103 on Gastric Ulcer: A Multicenter Double-Blind Comparative Study with Cetraxate Hydrochloride. Jpn Pharmacol Ther. 1992;20:199–223.

5-Choi HS, Lim J-Y, Chun HJ, et al. The effect of polaprezinc on gastric mucosal protection in rats with ethanol-induced gastric mucosal damage: Comparison study with rebamipide. Life Sciences 2013;93:69–77.

6-Tan B, Luo H-Q, Xu H, et al. Polaprezinc combined with clarithromycin-based triple therapy for Helicobacter pylori-associated gastritis: A prospective, multicenter, randomized clinical trial. PLoS One 2017;12(4):e0175625.

7-Mahmood A, FitzGerald AJ, Marchbank T, et al. Zinc carnosine, a health food supplement that stabilises small bowel integrity and stimulates gut repair processes. Gut 2007;56:168–75.

 

4 commentaires sur “Le zinc-carnosine est-il intéressant pour traiter une gastrite ou le RGO ? en remplacement des IPP ?”

  1. Bonjour, merci pour cet article fort instructif. Pouvez-vous préciser un ou plusieurs laboratoires de confiance pour acquérir le zinc carnosine ? Merci par avance

    1. A priori en Europe on a avant tout SuperSmart qui distribue ce produit, et également Doctor’s best (produit PepzinGI) mais c’est souvent en rupture de stock en Europe, du coup il faut aller sur Iherb.com (livraison généralement en 10 jours maxi)

  2. Bonjour, il y à t’il des effets alcalinisants qui pourraient être nuisibles en cas de SIBO comme c’est le cas pour les IPP ou antih2?
    Je voudrais l’utiliser pour la perméabilité intestinale.
    Merci

    1. Non pas du tout au contraire ça agit directement sur la qualité du mucus gastrique et intestinal (très complémentaire du fucosyllactose, de l’aloe vera et de la racine de guimauve donc) sans empêcher la proudction d’acide chlorhydrique

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