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L’exercice physique : la troisième médecine

Je vous propose ci-dessous un texte issu directement du site de René TREGOUET, un sénateur honoraire, passionné par les sciences.

Je n’arrête pas de prendre conscience et d’expérimenter l’importance de la pratique régulière de l’exercice physique et du sport. 

En effet, on oublie certainement un peu vite que la sédentarité est l’autre grande caractéristique de l’apparition des maladies de civilisation auxquelles nous faisons actuellement face, aux côtés des polluants environnementaux et médicamenteux, et de la malbouffe. 

Côté malbouffe, on a bien pris conscience qu’il y avait depuis 80 ans environ , entre autres, trop de glucides dans notre alimentation, aussi bien les sucres rapides que lents. Mais n’oublions qu’une partie du problème est dû à la sédentarisation : consommer du sucre juste avant de faire du sport pose bien moins de souci que s’il est consommé par une personne qui va rester une partie de la journée assise sur une chaise : les muscles n’auront pas l’occasion de consommer ce sucre. Le cerveau oui, mais ça n’est pas suffisant, et de plus, la station assise ne favorise pas la fonction de digestion, qui comporte une part mécanique : utiliser les jambes créé de nombreux mouvements dans l’abdomen qui facilitent le transit. D’ailleurs on parle bien de « promenade digestive ».

Ainsi consommer du sucre (ou des féculents raffinés) et rester longtemps assis n’est pas très judicieux : ça va finir par macérer, forcément. Surtout si on est stressé et que ce stress contribue à favoriser un ralentissement des fonctions digestives (système nerveux ortho-sympathique) et de l’hypochlorhydrie. Cela va finir par créer la fameuse flore à méthylacétate, ou « vinaigre », très acidifiante, résultat d’une mauvaise vidange gastrique chronique.

L’estomac ne se vidange plus correctement. Il y du reflux, il y a des brûlures d’estomac, des hernies hiatales, de l’oppression thoracique, de la toux et des sinusites, de l’anxiété qui se développe.  

Le médecin va prescrire des inhibiteurs de la pompe à proton (IPP) : Entre juin 2008 et mai 2009, près de 58 millions de boîtes d’IPP ont été distribuées en France par les pharmaciens d’officine, occasionnant des remboursements par l’assurance maladie proches de 970 M€. Un peu plus de 90% de ces prescriptions émanent de médecins généralistes. Viennent ensuite les gastro-entérologues et les rhumatologues. (http://www.securite-sociale.fr/IMG/pdf/ccss200910_fic-10-3.pdf

 

Refaire du sport. Plus je fais de sport, mieux je me porte. Je ne peux plus m’en passer à une certaine dose ; même si j’en ai toujours eu besoin, j’ai enfin trouvé mon rythme, et c’est un rythme assez soutenu. Je dois encore parfois me mettre un coup de pied dans le derrière pour y aller, mais je ne le regrette jamais. 

Je reviens d’un week end de partages entre praticiens qui s’est déroulé à Genève. La personne qui nous recevait a acheté un tapis de course pour faire du cardio régulièrement. Sa constatation est sans appel : sa santé générale s’est notablement améliorée depuis qu’elle court sur son tapis presque tous les jours.  

Vous l’aurez compris je ne parle pas du sport intensif. Celui là au contraire est éprouvant pour notre corps : celui-ci devra lutter contre un stress oxydatif proportionnel à l’intensité du sport, qui peut être particulièrement délétère comme chez les sportifs de haut niveau. 

On conseillera donc avant tout la pratique d’une activité physique qui vous plait. Si possible qui permette au moins une fois par semaine d’atteindre l’essoufflement et la transpiration. On conseillera par exemple le vélo ou le jogging ; le vélo elliptique, le rameur, le badminton, la musculation douce, l’aqua-bike (si pratiqué dans un endroit ou l’eau est vidée après chaque séance) ou tout autre sport doux. Concernant le jogging, on apprendra à se réceptionner sur l’avant du pied, afin d’amortir la réception sur le sol, et de protéger les genoux.

On déconseillera cependant la natation, en particulier ceux qui souffrent de problèmes digestifs ou d’un système immunitaire fragile. En effet les piscines sont malheureusement des nids à microbes, et des nids à virus :  http://www.ehagroup.com/resources/swimming-bathing-diseases/

 

DEUX ARTICLES DE RTFLASH

http://www.rtflash.fr/l-exercice-physique-troisieme-medecine/article

Pendant très longtemps, le sport et l’activité physique, bien que reconnus comme bénéfiques pour la forme et la santé, restaient considérés comme subsidiaires et vus essentiellement comme des variables d’ajustement qui venaient en complément à la médecine allopathique, dont l’efficacité thérapeutique ne cessait de s’accroître.

Mais au cours de ces dix dernières années, de nombreuses recherches et études sont venues profondément transformer cette conception scientifique sur le rôle et la place exactes de l’exercice physique en matière de prévention et de lutte contre de nombreuses maladies, y compris les plus graves.

Une étude réalisée à la demande de la MGEN en 2006 sur plus de 100 000 femmes françaises, nées entre 1925 et 1950, par une équipe de chercheurs de l’INSERM, a par exemple montré qu’il existe bien un lien tout à fait mesurable entre activité physique et risque de cancer du sein, même chez les femmes présentant des facteurs de risque important, comme certaines mutations génétiques ou des antécédents familiaux.

Selon ces recherches, les femmes qui pratiquent au moins 45 minutes par jour d’activité physique soutenue, qu’elles soient ou non sous traitement hormonal substitutif, réduisent de 38 % leurs risques de cancer du sein, par rapport aux femmes inactives.

Si l’on considère l’ensemble des études scientifiques sur cette question, on constate qu’une activité physique régulière peut permettre de réduire jusqu’à 40 % le risque de développer certains cancers parmi les plus fréquents, comme le cancer du sein ou du côlon ou d’être victime d’une récidive de cette maladie. Une méta-analyse a ainsi fait état d’un risque de mortalité réduit de 34 % chez les femmes atteintes d’un cancer du sein localisé et pratiquant une activité physique intense et régulière (150 minutes par semaine en trois séances).  

Cette action protectrice très puissante de l’exercice physique vient encore d’être confirmée il y a quelques jours par une étude épidémiologique d’une ampleur sans précédent, publiée le 19 avril dernier dans le très sérieux British Medical Journal. Ce travail, réalisé par des chercheurs anglais, a porté sur les effets d’une pratique quotidienne du vélo sur la santé. En analysant les habitudes et pratiques sportives de 250.000 Britanniques pendant 5 ans, ces scientifiques de Glasgow ont constaté que le pouvoir protecteur du sport était encore plus important qu’on ne l’imaginait jusqu’à présent (Voir BMJ).

Au cours de cette vaste étude, 2.430 participants sont décédés, 3.748 ont développé un cancer et 1.110 ont eu un problème cardiaque. Après analyse des habitudes de vie des participants, les chercheurs ont calculé que le fait de faire régulièrement du vélo, à raison de 7 km par jour en moyenne, diminuait les risques de cancer de 45 %, ceux de pathologies cardiaques de 46 % et les risques globaux de mortalité de 41 %. Ces recherches montrent également que les personnes qui marchent au moins 10 km par semaine diminuent sensiblement leurs risques de cancer et de maladies cardio-vasculaires. 

Ces travaux soulignent de manière très intéressante que ces effets bénéfiques pour la santé persistent dans le temps et semblent intrinsèques, ce qui signifie qu’ils se manifestent indépendamment des autres facteurs de risque pris en compte chez les patients étudiés (surpoids, tabagisme, hypertension, etc.). 

En novembre 2016, une autre étude australienne a montré que les sports de raquette sont parmi les plus efficaces pour diminuer les risques de mortalité. En tenant compte du profil de risque personnel des personnes participantes (âge, poids, alimentation, consommation d’alcool et tabac), les chercheurs australiens ont essayé de déterminer, sur une cohorte de 80 000 adultes suivis pendant neuf ans et dont la moyenne d’âge était de 52 ans, quelles étaient les activités sportives les plus efficaces pour réduire les risques de mortalité, notamment à cause de maladie cardiovasculaire (Voir BMJ Journals). Selon ces travaux, les adeptes du tennis, du badminton ou du squash qui avaient des risques de décès – toutes causes confondues – les ont réduits de 47 %, par rapport à ceux qui n’avaient aucune activité physique… Cette étude montre en outre que l’effet protecteur du sport n’est pas seulement dû à l’intensité et à la  fréquence des séances, mais également au  type d’exercice pratiqué.  

Si l’activité physique a une action préventive puissante contre les pathologies les plus graves, elle est également très utile quand la maladie est malheureusement déjà présente. Il y a quelques semaines, une autre étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Goethe Francfort en Allemagne a ainsi montré que la pratique régulière d’un sport permettait aux malades atteints d’un cancer gastrique ou intestinal de mieux supporter la chimiothérapie et de réduire les effets secondaires de la pathologie. « Nous devons pouvoir proposer, à l’avenir, aux patients atteints de cancer gastro-intestinal, même avancé, des programmes d’exercice physique pendant leur chimiothérapie. Il faut donc ouvrir des salles d’exercice dans les hôpitaux », conclut le professeur Winfried Banzer, chef du département de médecine du sport à l’Université Goethe de Francfort.   

Plusieurs autres études épidémiologiques solides ont par ailleurs montré que la pratique régulière d’un sport pouvait diminuer d’au moins 17 % le risque de récidive d’un cancer du côlon et d’au moins 20 % le même risque de rechute, pour un cancer du sein. Une étude américaine portant sur 121 700 infirmières a montré que le risque de décès par cancer du sein ou de récidive de ce type de cancer est réduit de 20 à 50 % chez les femmes qui pratiquent une activité physique au moins cinq heures par semaine, par rapport à celles qui marchent moins de 3h par semaine. Ces résultats ont été confirmés par l’étude WHEL (Women’s Healthy Eating and Living Study) qui estime que le risque de rechute d’un cancer du sein pour les femmes qui marchent 30 minutes par jour 6 fois par semaine est réduit de 44 %. 

En juillet 2012, une étude publiée dans le « Lancet » avait déjà fait grand bruit en montrant que le manque d’activité physique était responsable d’un décès sur dix dans le monde et que la sédentarité entraînait autant de morts prématurées que l’obésité ou le tabac…

Selon l’OMS, le manque d’activité physique concernerait deux adultes sur trois et serait responsable de 5,3 millions des 57 millions de décès répertoriés à travers le monde. Le docteur I-Min Lee (Harvard Medical School de Boston) souligne pour sa part que 10 % des quatre grandes maladies non transmissibles (maladies cardio-vasculaires, diabète de type 2, cancers du sein et du côlon) seraient liées au fait de pratiquer moins de 150 minutes d’activité modérée par semaine. Une autre étude réalisée dans 122 pays et dirigée par le docteur Pedro C. Hallal (Université de Pelotas, au Brésil), montre qu’un tiers des adultes et quatre adolescents sur cinq dans le monde ne font pas suffisamment d’exercice physique, ce qui accroît de 20 % à 30 % leur risque d’avoir des maladies cardio-vasculaires, du diabète et certains cancers. Selon le docteur Hallal, « Une généralisation de l’activité physique permettrait un gain de 0,68 ans de l’espérance de vie de la population mondiale, ce qui est loin d’être négligeable ».

Une étude de l’Inserm, publiée en novembre 2009, a montré, sur une population de sujets de plus de 65 ans, en bonne santé et suivis durant 5 ans, que les personnes qui marchent le plus lentement ont un risque de décès supérieur de 44 % à celles qui marchent le plus rapidement.

Citons également une autre étude réalisée par des chercheurs des Universités Jean Monnet (Saint-Etienne), de Lyon, de Dijon et du Centre Régional de Prévention du Cancer de Saint-Priest-en-Jarez. Ce vaste travail d’analyse épidémiologique montre, sur plus de 122 000 participants, suivis pendant une moyenne de 10 ans, qu’une simple activité physique correspondant à environ 15 minutes de marche active par jour, ce qui est à la portée de neuf personnes sur dix, suffit pour réduire de 22 % le risque de décès par rapport l’inactivité totale (Voir BMJ Journals). 

Mais si on sait à présent avec certitude qu’ une activité physique régulière peut avoir des effets bénéfiques tout à fait remarquables dans la prévention et le traitement de maladies graves, comme le diabète, l’hypertension, les maladies cardio-vasculaires ou certains cancers, on commence également à découvrir que le sport peut également permettre de prévenir ou de retarder l’apparition du déclin cognitif lié au vieillissement et de certaines pathologies neurodégénératives, comme la si redoutée maladie d’Alzheimer.

Il y a deux ans, trois études scientifiques très solides ont montré que les bénéfices de l’activité physique pour les personnes atteintes d’Alzheimer étaient bien réels et plus importants que prévus. La première de ces études, réalisée par des chercheurs de la Wake Forest University Health Sciences, à Winston Salemn (États-Unis) a montré, sur 65 patients âgés de 55 à 89 ans et atteints de troubles légers, que la pratique régulière d’exercices d’étirement entraînait une diminution significative de la protéine « Tau », un des marqueurs biologiques de la maladie d’Alzheimer.

La deuxième étude, réalisée par l’Université de Colombie Britannique, a montré, sur 62 patients atteints de troubles vasculaires cérébraux suite à un AVC léger, qu’un programme régulier d’exercices physiques améliorait leurs fonctions cognitives, notamment l’attention et la mémoire.

Enfin, la troisième étude, réalisée au Danemark par des chercheurs du Centre Danois pour la Recherche sur les Démences, a montré, sur 200 patients atteints de la maladie d’Alzheimer, que les malades ayant pratiqué des exercices physiques au moins trois fois par semaine présentaient beaucoup moins de symptômes tels que la dépression, l’anxiété ou l’irritabilité.

D’une manière encore plus générale, il est également démontré que l’activité physique a un effet neuroprotecteur remarquable. C’est ainsi qu’en 2016, des chercheurs ont réussi, pour la première fois, à observer l’évolution du fonctionnement du cerveau de 55 volontaires âgés de 56 à 79 ans. Utilisant des images tridimensionnelles à haute résolution obtenues par la résonance magnétique, ils ont découvert que l’exercice retardait l’atrophie du cerveau associée au vieillissement. Les personnes actives physiquement avaient perdu, en effet, beaucoup moins de matière grise et de matière blanche que les sédentaires.  

Rappelons enfin qu’en 2007, une vaste étude réalisée par l’Université de Californie a permis de montrer, sur plus de 6 000 femmes de plus de 65 ans, suivies pendant huit ans, que celles qui marchaient le plus pouvaient réduire jusqu’à 40 % leurs risques de déclin cognitif…

 Une estimation scientifique prudente montre que la généralisation, dès le plus jeune âge, d’une activité physique régulière qui serait bien entendu poursuivie tout au long de la vie et adaptée au vieillissement des individus, permettrait non seulement d’éviter au moins 100 000 morts par an dans notre pays mais retarderait de plusieurs années la perte d’autonomie due à l’âge, un gain d’autant plus important que, depuis 10 ans, l’espérance de vie sans incapacité à 60 ans ne progresse plus, contrairement à l’espérance de vie globale à la naissance qui continue à augmenter régulièrement.

L’efficacité préventive et thérapeutique du sport pourrait en outre être encore amplifiée en proposant à chacun, en fonction de son profil génétique et des prédispositions à développer certaines pathologies, une « feuille de route », personnalisée, préconisant la combinaison d’activités les plus adaptées aux besoins de chaque personne.

On ne peut que se féliciter du fait que, depuis peu, les médecins peuvent prescrire sur ordonnance à leurs patients la pratique d’une activité physique, au même titre que des médicaments ou un régime. Mais il faudrait aller plus loin et dégager les moyens financiers, en réduisant par exemple certains gaspillages dans notre système de santé, qui permettraient de rembourser ces prescriptions sportives, ce qui n’est pas le cas actuellement.

Les extraordinaires progrès accomplis par la biologie et les sciences de la vie depuis un siècle ont fini par nous persuader, non sans raison, que la panoplie chimique et pharmaceutique toujours plus puissante et diversifiée dont nous disposions pour nous soigner, suffirait à venir à bout des maladies les plus graves et les plus meurtrières.

Mais nous savons aujourd’hui que les choses ne sont pas si simples et que la médecine allopathique à elle seule ne peut tout résoudre ; celle-ci sera d’autant plus efficace qu’elle sera utilisée en synergie avec les deux autres médecines qui se sont affirmées avec force au cours de ces dernières années, celle qui concerne l’ensemble de nos habitudes alimentaires et celle qui a trait aux activités physiques variées que nous pratiquons. Si nous parvenons à élargir notre conception de la santé et du bien-être en y intégrant de façon harmonieuse ces trois médecines, nos sociétés accompliront, j’en suis convaincu, un saut décisif en terme de qualité de vie et d’épanouissement individuel et collectif.

René TRÉGOUËT

 

 

La sédentarité : un fléau de société méconnu

29/09/2017  http://www.rtflash.fr/sedentarite-fleau-societe-meconnu/article

Depuis une soixantaine d’années, nos sociétés industrielles ont été traversées par un phénomène de grande ampleur : la réduction massive et continue de la durée globale du temps de travail. De 2200 heures en moyenne par an en 1960, le temps annuel moyen travaillé a diminué de 25 %, passant en 2015 à 1 646 heures. Quant au temps de « loisirs réels », selon le CREDOC, il atteint à présent sept heures et demie par jour, c’est-à-dire, pour beaucoup de salariés, un temps équivalent à celui consacré au travail.

Il a fallu attendre le début de ce siècle pour que la communauté scientifique et médicale et les responsables politiques commencent réellement à étudier et à reconnaître l’ampleur des effets désastreux entraînés, non plus par un travail excessif mais par une inactivité physique croissante. C’est en 2002 que l’OMS a tiré la sonnette d’alarme en révélant que la sédentarité augmentait l’ensemble des causes de mortalité, doublant notamment le risque de maladies cardiovasculaires, de diabète, d’obésité et augmentant également les risques de cancer, sans oublier les risques accrus de déclin cognitif et de démence. Cette organisation internationale souligne que les deux tiers de la population des pays développés, y compris les enfants, ont un mode de vie sédentaire. L’OMS estime par ailleurs que seuls un quart des jeunes de moins de 15 ans pratiquent au moins une heure d’exercice physique par jour. Le résultat de cette progression constante de la sédentarité dans nos sociétés est que, toujours selon l’OMS, environ 3,2 millions de décès chaque année sont attribuables au manque d’exercice.

En juillet 2016, une vaste étude internationale publiée dans la prestigieuse revue « The Lancet » a même réévalué ce triste bilan et estimé que la sédentarité, si l’on considère toutes les pathologies qu’elle provoque ou aggrave, serait en réalité associée à plus de cinq millions de décès dans le monde chaque année (soit autant que les morts provoqués par le SIDA, la maladie d’Alzheimer et les accidents de la route), ce qui en ferait l’une des principales causes de mortalité au niveau mondial, derrière le cancer (8,5 millions de morts par an) et les maladies cardiovasculaires (8 millions de morts par an).

Selon cette étude, la sédentarité coûterait au total (dépenses de santé et pertes économiques) au moins 67,5 milliards de dollars chaque année. Une autre étude, de type méta-analyse, (Voir Eurekalert) portant sur plus d’un million de personnes suivies pendant 18 ans, a montré que les individus qui avaient le moins d’activités physiques voyaient leurs risques de décès, indépendamment des autres facteurs de risque,  augmenter de 58 % …Ces mêmes recherches soulignent toutefois qu’il est possible d’ annuler le risque accru de décès lié à une sédentarité excessive (une position assise huit heures par jour), en faisant au moins une heure d’exercice quotidien.

Selon le Docteur I-Min Lee (Harvard Medical School de Boston), ce ne sont pas moins de 6 % des maladies cardio-vasculaires, 7 % des malades atteints de diabète de type 2 qui sont causées par l’inactivité physique.

En 2014, une nouvelle étude américaine dirigée par le Docteur Deborah Rohm Young a montré que le fait de rester assis plus de 5 heures par jour en dehors des heures de bureau augmente de 34 % le risque d’insuffisance cardiaque par rapport à ceux qui ne sont assis chez eux que deux heures par jour. Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont suivi pendant plus de dix ans les habitudes de vie de 84 000 hommes, âgés de 45 à 69 ans et vivant en Californie.

Mais si le manque d’activité physique a été associé avec le diabète, l’obésité et les maladies cardiovasculaires, on sait moins qu’elle augmente également sensiblement les risques de développer certains cancers, comme l’a montré en 2014 une vaste étude publiée par le Journal de l’Institut du Cancer (Voir JNCI).

Ces travaux, dirigés par Daniela Schmid Michael F. Leitzmann, s’appuient sur une méta-analyse compilant plus de quatre millions de patients et analysant 70 000 cas de cancers diagnostiqués. Ces travaux montrent qu’un mode de vie sédentaire augmente de 24 % les risques de développer un cancer du côlon, de 32 % un cancer de l’endomètre, et de 21 % un cancer du poumon. Pour les volontaires les plus inactifs, ceux passant les plus de temps devant les écrans, les risques d’avoir un cancer du côlon augmentaient même de 54 %… Autre enseignement de cette étude : chaque heure supplémentaire passée assis durant la journée augmente le risque de cancer du côlon de 4 % et de cancer de l’endomètre de 5 %.  

Une autre information, peu reprise dans les médias, car tombée fin août, devrait nous faire réfléchir : les capacités physiques de nos enfants sont en moyenne sensiblement moins bonnes que ne l’étaient celles de leurs parents et de leurs grands-parents. 

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont utilisé un test d’endurance mis au point au début des années 1980 par Luc Léger, professeur de physiologie de l’exercice à l’Université de Montréal. Ce test consiste à courir sur une piste étalonnée tous les 20 mètres. Les volontaires doivent accomplir le plus grand nombre d’allers-retours en essayant de suivre un rythme de course qui s’accélère toutes les minutes, à chaque signal sonore.

En comparant ensuite une énorme quantité de données provenant d’un demi-million d’enfants et adolescents de 9 à 17 ans, ces scientifiques ont pu calculer de manière fiable que la capacité aérobie, c’est-à-dire l’aptitude à maintenir une certaine intensité d’exercice sur une période de temps prolongée, avait régressé, en moyenne, de 0,35 % par an. 

Cette étude confirme pleinement les recherches réalisées en 2003 par le chercheur australien Grant Tomkinson (Université d’Australie-Méridionale, à Adélaïde). Celui-ci avait pu calculer, en mesurant la distance que des enfants de 9 à 17 ans pouvaient courir en un temps donné, que ceux-ci mettaient une minute et demi de plus pour courir une distance de 1 600 mètres, par rapport à leurs ainés de 1973. Selon cette étude, la cause principale de cette baisse de performances serait liée à l’augmentation de la sédentarité (Etude de l’IJBNPA). 

Cette évolution tendancielle très préoccupante a d’ailleurs été récemment confirmée par une étude que l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments (Anses) a publiée en février 2016, un rapport dans lequel elle constate que la pratique d’activités physiques est insuffisante. La baisse des performances sportives des enfants s’explique en premier lieu par la progression du surpoids et de l’obésité, mais plus encore par l’augmentation de la sédentarité.

Selon l’Anses, 71 % des adolescents de 15 à 17 ans sont considérés comme sédentaires, c’est-à-dire qu’ils passent plus de quatre heures quotidiennes assis ou couchés pendant la journée, hors temps scolaire. Or, prévient l’Anses, les enfants en bonne santé ont tendance à devenir des adultes en bonne santé. Le sport dans l’enfance et l’adolescence prévient des maladies et agit positivement sur le métabolisme. Quant aux jeunes enfants, 80 % d’entre eux font moins d’une heure d’activité physique par jour, alors qu’ils devraient faire au moins trois heures de sport quotidien, selon la communauté scientifique et médicale. 

Mais les ravages de l’inactivité physique ne touchent pas seulement le corps mais affectent également le cerveau. En 2014, une étude menée par le Docteur J. Carson Smith, chercheur en kinésiologie à la School of Public Health (University of Maryland) a ainsi pu montrer qu’une activité physique, même modérée, pouvait ralentir le rétrécissement de l’hippocampe, une aire cérébrale fortement impliquée dans la mémoire et l’orientation spatiale, qui est la cible de la maladie d’Alzheimer.

Ces chercheurs ont réparti les volontaires de l’étude en quatre cohortes composées d’adultes âgés de 65-89 ans, qui avaient des capacités cognitives normales. Ces groupes ont été constitués en tenant compte à la fois du risque génétique de développer la maladie d’Alzheimer et du niveau d’activité physique des participants. Au cours des 18 mois qu’a duré l’étude, ces scientifiques ont mesuré régulièrement, par IRM, le volume de l’hippocampe des volontaires.  

Le résultat est édifiant : seul le groupe composé de sujets à haut risque génétique pour la maladie d’Alzheimer, et qui n’avaient pas d’activité physique, a connu une baisse en volume de l’hippocampe (3 %). En revanche, aucune diminution du volume de l’hippocampe n’a été observée chez les trois autres groupes, y compris celui composé de sujets à risque génétique pour la maladie d’Alzheimer mais qui pratiquaient un exercice physique régulier… 

Le Professeur Kirk Erickson, psychologue à l’Université de Pittsburgh, et coauteur de ces travaux, souligne que « Compte tenu du fait qu’il n’existe aujourd’hui pas de traitements indiqués pour préserver le volume de l’hippocampe chez ces patients, nos travaux montrent qu’il est possible d’agir de manière préventive pour retarder sensiblement l’apparition de symptômes de démence, chez les personnes âgées qui ont un risque génétique accru ». 

Cette étude remarquable confirme donc pleinement d’autres travaux qui avaient déjà montré qu’une l’activité physique modérée chez les seniors atteints d’un déclin cognitif léger améliorait leur fonctions cognitives et notamment leur mémoire. Une autre étude finlandaise, publiée par l’Université de Jyväskylä en mars 2015, a par exemple montré, en analysant le données provenant de dix paires de jumeaux masculins adultes, âgés de 32 à 36 ans, que les jumeaux qui avaient pratiqué le plus d’activités physiques durant les trois années précédentes possédaient un plus large volume de matière grise au niveau du striatum et du cortex préfrontal, deux aires cérébrales particulièrement importantes pour les fonctions cognitives. Citons enfin une étude réalisée en 2013 par l’Université de Dundee en Écosse qui a suivi 4755 adolescents et a établi une corrélation entre la pratique d’une activité physique et le niveau en anglais, mathématiques et sciences. 

Reste à comprendre par quels mécanismes l’activité physique peut à ce point avoir un effet bénéfique sur le bon fonctionnement de notre cerveau et la prévention de pathologies aussi lourdes que la maladie d’Alzheimer. Il semble, selon d’autres travaux réalisés par des chercheurs de l’Université Western Australia de Perth et de l’Institut de recherche Baker sur le diabète et le coeur de Melbourne, qu’une sédentarité excessive entraîne une dérégulation du taux de glucose dans l’organisme, ce qui finit par endommager les cellules nerveuses et accroître les risques de démence.

Il y a quelques semaines, des chercheurs allemands de l’Université Goethe de Francfort ont exploré pour la première fois de façon très précise comment l’exercice affecte le métabolisme cérébral et ont examiné les effets de l’exercice régulier pendant trois mois sur le métabolisme cérébral et la mémoire de 60 participants âgés de 65 à 85 ans. Au terme de cette étude, ces scientifiques ont pu observer que l’exercice physique régulier empêchait une augmentation des taux de choline, un composé de la vitamine B dont la teneur augmente chez les malades d’Alzheimer. 

A la lumière de ces études et découvertes récentes, la communauté scientifique souligne à quel point il est important de mieux distinguer l’activité physique et la sédentarité. Comme le souligne le Docteur Graham Colditz, de l’École de médecine de l’Université de Washington, « D’après ces résultats, il ne suffit pas d’être simplement actif, il est également important de s’asseoir moins ». Selon ce spécialiste reconnu, il faut multiplier les occasions, tout au long de la journée, de bouger et de pratiquer de l’exercice. Concrètement, cela veut dire se lever au moins une fois par heure pour parcourir quelques dizaines de mètres à pied, marcher au moins 15 minutes de manière intensive pendant sa pause-déjeuner ou encore prendre systématiquement l’escalier au lieu de l’ascenseur et stationner volontairement sa voiture loin de son bureau…

Il est frappant de voir à quel point, pendant plus d’un demi-siècle, le rôle central de la sédentarité comme facteur intrinsèque de risque dans l’apparition de nos grandes maladies de société, cancer, maladies cardio-vasculaires, diabète et pathologies neurodégénératives, a été sous-estimée, voire tout simplement ignorée par nos responsables économiques et politiques. A cet égard, il faut rappeler qu’il a fallu attendre 2015 en France pour qu’enfin un médecin puisse prescrire une activité physique par ordonnance.

Afin de lutter enfin efficacement contre ce fléau humain que représente la sédentarité, il est urgent de modifier radicalement la place faite à l’activité physique, dans son ensemble, au sein de notre société. Il faut notamment admettre que la notion d’activité physique va bien au-delà de la simple pratique d’un sport et englobe toute forme de « non-sédentarité », c’est-à-dire de mouvement. Encore largement considérée comme subsidiaire à l’école, comme au Collège, au Lycée et à l’Université, l’activité physique, sous toutes ses formes, doit être placée au cœur du cursus scolaire. 

Mais le monde du travail et de l’entreprise doit également accomplir sa révolution en la matière et modifier en profondeur son organisation et ses valeurs en intégrant pleinement la pratique de l’exercice physique au bureau et dans l’entreprise. Enfin, l’Etat et les collectivités locales doivent également repenser leurs politiques publiques, notamment en matière de déplacements et d’urbanisme, de manière à favoriser la pratique généralisée d’une l’activité physique adaptée à tous les âges.

Ayons bien conscience que le coût budgétaire et financier d’un telle politique globale de lutte contre la sédentarité, à tous les niveaux, sera ridiculement faible au regard des immenses bénéfices médicaux, sanitaires, sociaux et humains qui pourront rapidement en résulter !

René TRÉGOUËT

Sénateur honoraire

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