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SIBO, Reflux, Intestin irritable : l’importance des prokinétiques (amélioration de la motricité digestive)

L’importance des prokinétiques dans le SIBO, Reflux, Intestin irritable

Comprendre l’importance des prokinétiques c’est comprendre la substance même des leçons du SIBO et des recherches associées de ces dernières années : le nœud du problème est bel et bien le manque de motricité de muqueuses digestives. On l’a aussi appelé « déficience du complexe moteur migrant (CMM)» qui est une notion proche de celle du péristaltisme, mais pas identique. Le CMM est un système qui permet l’élimination des bactéries résiduelles et des fibres non digérées vers le colon (via une vague musculaire d’auto-nettoyage), et d’ailleurs qui est favorisé notamment lorsque l’estomac est vide suffisamment longtemps entre les repas.

On pourrait davantage rapprocher la paresse des muqueuses digestives à celle de la gastroparésie. Etant donné que certains cas de gastroparésies sont particulièrement invalidants, on comprend pourquoi de nombreuses personnes soufrant de l’intestin irritable sont tant impactées et cherchent par tout les moyens à sortir de cet enfer quotidien.

Pour schématiser, les proliférations de micro-organismes (prolifération de levures = candidoses, proliférations de bactéries = SIBO, proliférations de parasites = parasitose) sont en grande partie la conséquence de cette paresse des muqueuses. Une paresse qui est concomitante avec la micro-inflammation qui s’installe dans l’écosystème intestinal (inflammation lié au microbiote + mucus + paroi) dont on parle tant aujourd’hui (micro-inflammation étant un quasi synonyme de porosité intestinale).

Les origines et les causes de cette paresse sont nombreuses et c’est justement l’objet principal de mes recherches depuis 2014. Notamment en recevant un nombre très important de personnes souffrant de troubles digestifs chroniques, ce qui m’amène en permanence de nouvelles informations et confirmations d’hypothèses (complétées par mes fréquentes formations en micro-nutrition et médecine fonctionnelle). C’est pourquoi que je me présente comme le spécialiste des causes environnementales du SIBO et du reflux et que j’ai développé l’approche des 4 piliers afin de balayer les causes de manière la plus globale (holistique) et exhaustive possible. 

Etant donné qu’il y a paresse (dès l’estomac, que l’on nomme souvent « hypochlorhydrie), on peut logiquement en déduire qu’on peut aider la fonction digestive, leur redonner de la vitalité grâce à des nutriments : ce sont les prokinétiques (ou procinétiques), littéralement « qui génère du mouvement ». Il ne faut surtout pas les confondre avec les laxatifs (effet osmotique, stimulant ou prosécrétoire), leur action n’est pas la même. Un prokinétique va redonner de la vitalité, et de plus souvent à l’ensemble des muqueuses digestives (donc dès l’estomac). Ils sont par exemple également utilisés en cas de diarrhées.

Les prokinétiques sont de plus des substances généralement efficaces pour réduire de nombreux symptômes digestifs, tels que nausées, éructations, reflux d’acidité ainsi que dysphagie, ballonnements, douleurs abdominales ou constipation.  

Fonctionnement des prokinétiques

Comme le fait justement remarquer le Dr Antonello d’Oro, rhumatologue suisse passionné par le SIBO, les prokinétiques sont des produits soit naturels soit médicamenteux qui stimulent et coordonnent la motilité intestinale la rendant plus efficace. Ils agissent sur divers récepteurs de l’intestin permettant ainsi des mécanismes d’action variés. Certains prokinétiques inhibent la dopamine qui agit sur le système digestif comme inhibiteur, dès lors en inhibant un inhibiteur, on obtient un effet de stimulation de la motilité intestinale. D’autres substances agissent également sur les récepteurs de l’acétylcholine qui est un neurotransmetteur stimulant de l’intestin, d’autres substances agissent sur des récepteurs antagonistes (5-HT3) ou agoniste (5HT4) de la sérotonine, d’autres encore sur les récepteurs de la motiline etc.. (1).

Grâce à ces combinaisons d’action, les prokinétiques ont la capacité d’amplifier et de coordonner les contractions musculaires de l’intestin. Ils peuvent agir sur différents sites d’action, autant sur la partie haute du système digestif comme l’estomac ou l’intestin grêle que sur le colon. Les prokinétiques peuvent améliorer la vidange gastrique en coordonnant la fermeture du sphincter du bas œsophage et l’ouverture du sphincter du pylore, pendant que l’estomac se contracte.  Ils sont connus pour leur capacité à stimuler le complexe moteur migrant permettant de nettoyer l’intestin grêle de ces déchets.  Certains prokinétiques ont la capacité d’améliorer le transit intestinal et peuvent être utilisés par exemple lors de constipation.

Nous allons voir qu’il existe des prokinétiques naturels ou médicamenteux. Les formes naturelles peuvent être utilisées sans prescription et avec moins de risque d’effets secondaires alors que les médicaments prokinétiques nécessitent souvent une ordonnance et ne sont pas dénués d’effets secondaires. Toutefois, les médicaments prokinétiques sont souvent plus efficaces que les substances naturelles et peuvent être donnés souvent à faible dose avec peu d’effets secondaires.

Les prokinétiques naturels

Nous allons découvrir les alternatives naturelles qui fonctionnent et sont souvent le premier choix chez les personnes qui ne désirent pas prendre de médicaments.

L’iberogast (2,3,4)

L’ibrérogast est un produit américain qui combine 9 herbes sous forme liquide avec des effets multiples au niveau gastro-intestinal. Ce produit est utilisé depuis 40 ans et il existe de nombreuses études cliniques ayant montré son efficacité.

Il n’est pas si aisé de s’en procurer, c’est ainsi qu’en France on a tendance à proposer un « Iberogast maison », ce que recommande par exemple Christian Boyer, docteur en biologie et physiologie humaine, spécialiste du SIBO. Je vous propose d’en détailler les ingrédients dans un autre article.

Le gingembre (5,6,7)

Le gingembre agit sur la partie haute du système digestif. Il est conseillé lors de nausées, ou de gastroparésie. Il protège la muqueuse de l’estomac par un effet anti-inflammatoire, et antioxydant. Il peut être pris sans problème chez la femme enceinte. Le dosage varie selon l’utilisation que l’on veut en faire.  Toutefois, pour de nombreuses personnes, il n’est pas suffisamment efficace et il peut chez certaines personnes souffrant de RGO aggraver les sensations de brûlures (ginger burn).

Le dosage conseillé du gingembre est entre 1000 à 2000 mg/jour. Le temps de la prise dépend de son utilisation, ainsi pour la prévention du SIBO, on prend 1000 à 2000 mg au couché, pour l’effet sur les nausées, on peut prendre 500 mg à 1 gr 20 minutes avant les repas.

Les américains ont élaboré plusieurs préparations pour le SIBO combinant le gingembre avec diverses substances amplifiant l’effet prokinétique. L’un des plus connus et utilisé est : Motilpro de chez Pure encapsulation, (5HTP, acetyl-carnitine, gingembre, vitamin C et B6).

Là encore il est relativement aisé de se procurer les différents ingrédients et de les tester les uns après les autres afin d’observer ceux qui seront les plus efficaces pour vous (je rappelle qu’en matière de fonction digestive, nous sommes uniques). Je rappelle que le 5HTP est bien connu en médecine naturelle en tant que précurseur direct de la sérotonine. On a longtemps utilisé le Griffonia simplicifolia, mais on utilise dorénavant de préférence le safran, et on trouvera de nombreux complexes de micro-nutrition contenant du safran. Ce qui est certain c’est que ça explique grandement les effets « anti ballonnements » des antidépresseurs. L’acetyl-carnitine est également bien connu et sera un nutriment utilisé en cas de « fatigue mitochondrial et cellulaire » et en cas de terrain dépressif, et on retrouve également le gingembre dans ce produit. La vitamine C est opportune pour son action antioxydante et stimulante momentanée de l’immunité. Dommage que Motilpro ne contienne pas de vitamine B1, souvent très intéressante dans le SIBO.

En France la plupart des personnes essayent déjà le gingembre, soit râpé dans l’assiette, soit en jus concentré (comme par exemple le Ginger extra strong de Vitamont, qui ne contient aucun sucre).

Autre substances naturelles prokinétiques et actions redonnant de la vitalité aux muqueuses digestives 

  1. Le Triphala (effet prokinétique modéré et laxatif), un complexe de plantes de la médecine ayurvédique extrêmement connu et utilisé. Il faudra peut-être privilégier les gélules car on trouve de la poudre de Triphala mais c’est vraiment très amer.
  2. La réglisse (Glycyrrhiza glabra) : cette plante très utilisée en médecines asiatiques est bien connue pour ses actions anti-inflammatoires, digestives et cortico-mimétique, mais également pour son action prokinétique. On peut éventuellement l’utiliser déglycyrrhinizée, c’est à dire sans sa molécule hypertensive.
  3. La gentiane : prokinétique de la fonction  gastrique, la gentiane est une plante utilisée depuis des temps immémoriaux pour favoriser la digestion et étant l’importance du début de la digestion (l’estomac) alors j’ai choisi de mettre dans cette liste.
  4. Agir sur l’immunité :
    1. Toutes substances intéressantes pour améliorer le fonctionnement de nos défenses immunitaires seront à privilégier : la vitamine D et la vitamine A (rétinol) et bien entendu les champignons médicinaux qui sont devenus quasiment incontournable dans les troubles digestifs chroniques (SII). Notamment le Reishi, le coriolus versicolor, Agaricus blazei, shitake, maitake, mais il existe bien d’autres champignons médicinaux intéressants. Par exemple on pourra utiliser le cordyceps en cas d’épuisement surrénalien (très courant chez les personnes souffrant de SII) et on pourra également utiliser le Hericium erinaceus afin d’agir sur la régénération des fibres nerveuses du tube digestif.
    2. Le chlorure de magnésium, la mythique substance immunostimulante de la naturopathie pourra être considérée selon moi comme un prokinétique, même s’il est avant un laxatif et même purgatif à dosage élevé.
    3. La propolis brune ou la propolis verte, deux substances assez bluffantes d’efficacité pour leur action assainissante, immunostimulante et antioxydante. On aura souvent une action remarquable dans le SIBO et dans les éructations intempestives.
    4. Agir sur les perturbations du système immunitaires, par exemple j’ai été hautement surpris par les personnes qui m’ont témoigné de nettes améliorations de leur fonction digestive suite à des séances permettant de « déprogrammer » l’impact des vaccins. Ces personnes vous expliquent en plus que ça a changé leur vie sur de nombreux autres aspect de leur santé et leur bien-être général (comme le sommeil).
    5. Baisser les niveaux d’histamine dans le tube digestif de manière à augmenter la fonction immunitaire de surface. Je vous proposerais un article entier sur ce sujet aussi bien complexe que passionnant. De plus en plus de personnes tentent de prendre un peu de DAO (diamine oxydase) avant chaque repas et aussi du cromoglycate de sodium. Mais avant d’utiliser ces produits spécifiques des personnes souffrants d’histaminose ou de SAMA (syndrome d’activation mastocytaire), on peut envisager d’agir sur les muqueuses digestives, sur la détox du corps (métaux lourds), la détox du foie (la sulfo-conjugaison) et sur l’immunité (abaisse les allergies ORL et l’histamine) : le soufre organique, ou MSM. Il est souvent très utile et sera particulièrement apprécié dans les cas de constipation.
    6. Le chlorure de magnésium marin (sel de nigari), la mythique substance immunostimulante pourra être considérée selon moi comme un prokinétique, même s’il est un laxatif et même un purgatif à dosage élevé.
  5. Aller au lit l’estomac vide est redoutablement efficace pour améliorer les fonctions de transit, ne serait ce que par le fait des messages nerveux sont régulièrement envoyés par l’estomac au reste du tube digestif. D’où l’astuce bien connue du Dr Bruno Donatini, gastro-entérologue précurseur des recherches sur le SIBO en France, de donner du sulfate de magnésium 2 heures après le dîner (afin d’aller au lit l’estomac vide). Il est envisageable d’utiliser à la place le sel de nigari mais le sulfate de magnésium est mieux supporté si on envisage de l’utiliser plus de 3 semaines.
  6. La vitamine B1 et la vitamine B12 : ça fera l’objet d’articles spécifiques mais la vitamines B1 semble particulièrement importante pour les fonctions nerveuses, de même que la B12 qui aura en plus une action sur le fonctionnement gastrique et sur l’assimilation du fer. Or le fer est important pour le fonctionnement de la thyroïde, elle-même une des clés de la motricité digestive (voir plus loin). D’autre part les autres vitamines B ont des actions fondamentales pour le système nerveux et digestif. C’est pourquoi on utilise régulièrement des complexes de vitamines B (pour info certains labos proposent d’ailleurs des complexes de qualité nettement supérieurs aux autres).
  7. Huile essentielle de menthe poivrée : une véritable panacée dans les troubles digestifs chroniques et le SIBO. En plus de son action antispasmodique et d’apaisement des irritations intestinales, la recherche américaine lui prête d’autres actions (anti-inflammatoire, antimicrobienne, immunomodulatrice). L’idéal est de la trouver en gélule gastro-résistante ou en capsule, ce qui exclue donc la prise des gouttes sur un support (sucre, miel, huile). La laboratoire pranarom par exemple la propose sous forme de capsule (Oleocaps n°3, associée à d’autres huiles essentielles) ou de perles (petites capsules de menthe poivrée).
  8. Stabiliser la glycémie sanguine : une action prokinétique à ne pas sous-estimer ! Cette action aura un aspect prokinétique indiscutable, d’où l’utilisation fréquente de la berberine (en plus de ses fonctions antimicrobienne et antifongique), du chrome et de la cannelle. Et bien sûr l’importance de limiter sa consommation d’aliments sucrés ou de suivre les recommandations plus élaborées de la « glucose révolution » de Jessie Inchauspé.
  9. Vinaigre de cidre : on peut en profiter pour dire un mot sur l’intérêt du vinaigre de cidre de qualité. Ce qui est certain c’est que c’est remarquable chez environ 60% de mes clients. Il est donc intéressant d’essayer et je ne saurais que trop vous recommander la marque Archie, un vinaigre de cidre assez exceptionnel.
  10. Magnésium : intervenant dans plus de 200 échanges biochimiques, notamment du système nerveux, le magnésium est souvent un incontournable, de plus en plus associé au potassium, surtout en cas d’anxiété ou de stress chronique ou quand il est envisager de stimuler le nerf vague. J’ai la chance d’utiliser un Oligoscan afin d’y voir plus clair en matière de carences cellulaires (et non sanguines).
  11. Certains acides aminés, autres que l’acetyl-carnitine, seront parfois fort utiles, en particulier la glutamine, la citrulline, la glycine, le collagène de qualité, la carnosine (ou une association de beta-alanine et de creatine, association précurseur de la carnosine). La glycine sera particulièrement intéressante en cas d’insuffisance biliaire (associé à la taurine) et de glycémie élevée. La glycine améliore également le sommeil. On donne toutefois de plus en plus souvent du collagène, notamment les peptides de collagène marin, qui aura une action immunitaire et de consolidation des muqueuses digestives parfois déterminante, parfois associé à de la citrulline, qui aura une action immunitaire « de surface » intéressante (Oxyde nitrique, voir le livre du Dr Bruno Donatini sur la santé buccale).
  12. Stimuler le nerf vague : on parle de plus en plus du nerf vague, le nerf qui alimente entre autres les organes digestifs et c’est l’occasion pour de nombreuses personnes de faire des liens avec les méthodes de bien-être (massage, chant, respiration, marche dans la nature, etc…) mais les personnes souffrant de troubles digestifs invalidants attendent des moyens concrets et rapide comme les neurostimulateurs ou les ostéopathes formés au nerf vague. On peut aussi citer une méthode neuro-sensorielle / rééducatiion neuronale remarquable : la méthode Quertant. J’affectionne tout particulièrement cette méthode et les effets sur un meilleur fonctionnement des système nerveux et du système hormonal se fait généralement sentir en quelques mois. Le seul inconvénient est qu’il faut se rentre dans un centre Quertant de manière assidue durant une assez longue période. Il y a donc une vraie contrainte.
  13. Quant à l’ocytocine on en parle également de plus en plus pour améliorer les fonctions digestives, mais je suis plutôt favorable de travailler sur les causes du manque d’ocytocine, qui est probablement le manque d’amour de soi-même acquis dans la petite enfance. Je rappelle que certaines psychothérapies travaillent en profondeur le lien avec soi-même et les dimensions corporelles et émotionnelles de l’être. Je les considèrent comme plus efficaces (Analyse psycho-organique et la Bio-dynamique).  
  14. Soutenir les fonctions thyroïdienne et surrénalienne, ainsi qu’améliorer la qualité du sommeil sont probablement les meilleurs prokinétiques ! On connait les liens étroits entre la « fatigue, ou déficience » de la glande thyroïde et des surrénales et les fonctions digestives globales et la motricité en particulier. A tel point le mot SIBO et quasiment associé à celui d’hypothyroïdie. Peut être de manière un peu exagérée mais il est certain qu’il faut bien étudier les marqueurs thyroïdiens (la T3 en particulier). Rappelons que la thyroïde est une glande extrêmement fragile, et elle fonctionne via un processus oxydatif. Elle a donc besoin de nombreux nutriments et antioxydants : iode, zinc, sélénium, vitamines A et D, potassium, magnésium, fer.

Il faudra également savoir mesurer la sécrétion du cortisol (salivaire à différents horaires de la journée + urinaire + sanguin. A nouveau on retrouve la notion de soutien des fonctions digestives et immunitaires par les glandes surrénales. On estime d’ailleurs qu’elle fonctionne en association avec la thyroïde. Soutenir le fonctionnement des glandes surrénales est presque une science à part entière ! Disons qu’on tâchera d’apporter des minéraux, des acides aminés et des plantes adaptogènes (telles que ginseng, rhodiola, ashwagandha, les champignons médicinaux comme le cordyceps).

Quant au sommeil il est intriguant de constater qu’environ 92% des personnes venant à mon cabinet souffrent de troubles du sommeil relativement sévères. Il y a donc une forte corrélation et on peut raisonnablement s’interroger sur le manque de ressourcement du système nerveux et la fonction motrice du système digestif.

Les médicaments prokinétiques

Laissons à nouveau le Dr Antonello d’Oro s’exprimer.

Certains médicaments bien connus ont un effet prokinétique comme le métoclopramide (Primperan) ou le dompréridone (Motilium) toutefois ces substances ne sont pas dénuées d’effets secondaires. Nous allons étudier les prokinétiques les plus souvent proposés dans le SIBO dans le but de stimuler le CMM et réduire ainsi le risque de récidive d’un SIBO.  

L’érythromycine (10,11)

C’est un antibiotique de la famille des macrolides très polyvalent utilisé dans de nombreuses infections, le plus souvent il est donné à des doses autour de 1,5 à 2 gr par jour. Toutefois cet antibiotique donné à faible dose (entre 50 mg à 62,5mg) n’a pratiquement pas d’effet antibiotique et devient un excellent prokinetique. Il va agir principalement sur le tractus digestif supérieur (récepteurs à la motiline) en stimulant la motilité de l’estomac et de l’intestin grêle. Il trouve une bonne indication lors de gastroparésie ou lors de la prévention de la récidive d’un SIBO.  Le Professeur Pimentel, qui est un des meilleures spécialistes du SIBO au monde, a démontré que ce prokinétique avait la capacité de doubler le temps de rémission du SIBO. Ce médicament à faible dose est bien toléré avec très peu d’effets secondaires. Toutefois, il faut souligner quelques rares contre-indications surtout chez les personnes qui ont des problèmes cardiaques (espace QT prolongé), d’autre part il peut exister des interactions avec d’autres médicaments en raison de son élimination hépatique par le cytochrome P450 (3A4).  Par exemple, les antifongiques ou la berbérine peuvent interagir avec l’érythromycine, toutefois son élimination par le corps est rapide (environ 8 heures) et dès lors on peut commencer un autre médicament dès le lendemain de l’arrêt.

Une image contenant texte, disque compact, cercle, graphisme

Description générée automatiquementLe prucalopride (Resolor) (12-15)

Ce médicament a une action hautement sélective sur les récepteurs agonist 5HT4 de l’intestin, c’est une des raisons qui le rend très sure car il n’agit pas sur les autres récepteurs. Il s’agit d’une substance très efficace qui agit sur tous le tractus digestif. Il est considéré comme la star des prokinétiques et souvent il représente le 1er choix chez de nombreux gastroentérologues américains. Habituellement, il est connu pour le traitement de la constipation à la dose de 1 à 2 mg pris au couché. La dose recommandée comme prokinétique est de 0.5 mg au couché toutefois en cas de constipation on peut utiliser les doses habituelles.

Récemment, des nouvelles propriétés ont été découverte, en effet le prucalopride a des propriétés neuroprotectrices, cela veut dire qu’il protège les nerfs au niveau intestinal et il a même la capacité de régénérer les nerfs abimés. Ces constats sont le résultat de recherches récentes et cela est très intéressant lorsque l’on sait que beaucoup d’affections chroniques intestinales sont accompagnées de lésions des nerfs de l’intestin.  

La naltroxone à faible dose (16,17,18)

La naltroxone à faible dose (LDN)  n’est pas techniquement un prokinétique mais il a des effets prokinetiques via les récepteurs opioides antagonistes. Il marche en se liant aux récepteurs opioides du corps et en les bloquant de façon temporaire, cela va avoir comme contre effet de booster le corps à produire ces propres opioides. Ces endorphines vont avoir divers effets sur le corps et vont être utiles dans différentes situations, par exemple sur la douleur, ou sur l’inflammation. C’est pourquoi, le LDN s’est montré efficace dans les maladies auto-immunes, les douleurs chroniques comme la fibromyalgie et également lors de dépression, souvent liée à une neuro-inflammation. Il y a plus de 200 études sur le LDN et de nombreux sites de référence dédié à ce que peut faire le LDN.

Au niveau digestif, le LDN a une action sur tout le tractus digestif ayant montré une bonne efficacité sur le colon irritable, il a montré également une efficacité dans la rémission des récidives du SIBO.  Toutefois, selon expérience de la Dr Siebecker, une des meilleures spécialistes du SIBO, ce médicament est vraiment efficace seulement chez 30% de ces patients, c’est pourquoi elle propose souvent de le combiner avec un autre prokinétique.

La naltroxone à faible dose est très sûre avec très peu d’effets secondaires. Comme effet secondaire, il existe surtout le risque de perturber le sommeil par des rêves agités et quelques fois des insomnies, c’est la raison pour laquelle il est préférable de le débuter souvent à faible dose (0,5 mg) en augmentant les doses progressivement toute les semaines (0,5 à 1 mg) jusqu’à atteindre la dose de 2,5 mg par jour lors de SIBO avec diarrhées ou 4,5 mg lors de SIBO avec constipation.

A quel moment de la journée prendre un prokinétique ?

L’effet désiré du prokinétique dépend aussi du moment de sa prise dans la journée.  Ainsi les prokinétiques, selon l’effet désiré, peuvent être pris avant ou après les repas ainsi qu’au couché.

Prokinetique avant le repas

La prise d’un prokinétique avant le repas (30 min) peut permettre d’améliorer la vidange gastrique, (par exemple avec l’erythromycine), ou pour enlever les nausées avant que la personne mange (par exemple le gingembre).  

Prokinetique après le repas ou pendant

La prise d’un prokinétique pendant ou une à deux heures après le repas peut aider à réduire certains symptômes digestifs. Par exemple, l’iberogast peut être utilisé pour divers symptômes qui viennent après manger comme des ballonnements, des nausées, des reflux, ou encore on peut le prendre dès que les symptômes apparaissent.

Prokinetique au couché

La prise d’un prokinétique au couché est le bon moment pour stimuler le complexe moteur migrant afin de réduire le risque de récidive d’un SIBO. Par exemple le prucalopride est un excellent prokinétique utilisé à faible dose (0.5 mg) dans la prévention du SIBO. Ce médicament peut être aussi utilisé dans la constipation chronique, dans ce cas le dosage peut monter jusqu’à 1 à 2 mg.  

Prokinetiques en combinaison

Un même prokinétique peut être pris à plusieurs moments de la journée selon les effets recherchés.  Il peut être pris durant la journée pour calmer certains symptômes et avant le couché pour stimuler le CMM. Par exemple, on peut prendre du gingembre pour soulager les nausées avant un repas et aussi au couché dans le but de stimuler le MMC

Deux prokinétiques peuvent parfaitement être combinés afin de potentialiser leurs mécanismes d’action. Par exemple l’érythromycine le matin au levé et le prucalopride le soir au couché. On peut parfaitement combiner le Naltroxone à faible dose (LDN) avec l’Ibérogast surtout au début du traitement jusqu’à obtention de la dose efficace de LDN. De plus toutes les nouvelles formulations comme PROKINE ou MOTILITY ACTIVATOR peuvent être utilisées avec le LDN.

Comment choisir son prokinétique

Il n’est pas toujours facile de choisir un prokinétique au vu de la large palette de choix décrit dans cet article. Vous trouverez ci-dessous certaines indications pouvant vous aider à choisir un prokinétique.

  • Pensez au prucalopride, si vous recherchez la meilleure efficacité lors d’un SIBO post infectieux ou lors d’une constipation opiniâtre.
  • Pensez à l’érythromycine à faible dose lors d’une gastroparésie importante surtout chez quelqu’un en sous poids (effet stimulant sur l’appétit).
  • Pensez à la naltroxone à faible dose surtout lors de la présence d’une maladie auto-immune, une inflammation ou des douleurs chronique.

Que faire lorsqu’un prokinétique provoque des effets secondaires.

La plupart des prokinétiques sont bien tolérés et ont peu d’effets secondaires. Le plus souvent il suffit de diminuer la dose ou de changer le prokinétique pour aller mieux. Voici les stratégies possibles lors de l’apparition de certains symptômes.

 

Diarrhées

Cela veut dire que le prokinétique stimule trop la motilité intestinale, il suffit de réduire la dose ou de changer de prokinétique.

Douleurs abdominales

Les douleurs sont dues à une augmentation des contractions des muscles lisses, chez ceux qui ont une hypersensibilité viscérale. Il suffit de réduire le dosage ou de changer de traitement.

Reflux d’acidité

Un reflux d’acidité est souvent lié à une constipation qui crée un réflexe anti-vidange gastrique. Pour régler cela, il suffit de purger le gros intestin avec un laxatif osmotique pendant 2 à 3 jours. Avec le gingembre, on peut avoir un ginger burn qui peut aggraver un reflux d’acidité, souvent en prenant un verre d’eau ça passe.

Ballonnements

Cela peut être du a une accélération de la vidange gastrique, les aliments n’ont pas eu le temps d’être digéré complètement.

Flatulences

Lors d’augmentation des flatulences, on peut prendre le prokinétique au couché

Mictions trop fréquentes

Quelques fois l’effet du prokinétique peut augmenter la fréquence urinaire par stimulation des muscles vésicaux.

La tachyphylaxie

Lors de la perte d’efficacité d’un prokinétique, il suffit dés fois de faire un break de 2 semaines, ce qui permet de retrouver l’efficacité.

 

Références

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